Et si votre mal-être venait d'un secret de famille ?

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Et si votre mal-être venait d'un secret de famille ?

Date de publication : 24/04/2024

Vous souffrez de dépression, ou vous ressentez une blessure profonde de trahison ou d'injustice, mais rien dans votre propre histoire ne "justifie" ça ? Vous avez le sentiment depuis toujours de devoir sauver vos parents et c'est plus fort que tous vos désirs ? Vous avez l'impression qu'il y a beaucoup de non-dits dans votre famille et ce qui plane vous donne un sentiment de malaise quand vous parlez avec certains membres de votre famille ? Vous êtes vous-même détenteur d'un secret et vous ne savez pas si vous devez parler ?

Et si les blessures du passé faisaient que vous avez hérité des traumatismes de vos parents ou grand-parents ou ancêtres ? Mais comment faire quand personne dans votre famille n'a parlé et que la plupart de ceux qui auraient pu vous donner des explications sont morts ? Nombre de familles vivent avec un ou plusieurs « cadavres dans le placard ».

L'histoire familiale impacte notre santé émotionnelle et psychologique.


Cet article vous donnera des pistes pour comprendre ce qui a pu se mettre en place. Nous évoquerons aussi les thérapies possibles quand on ne connait pas tout de l'histoire familiale. L'idée sera de vous accompagner pour travailler sur vos blessures et vos blocages émotionnels, sans impliquer les autres membres de votre famille.

Qu'est-ce que les blessures du passé ou blessures transgénérationnelles ?

Les blessures transgénérationnelles réfèrent aux impacts émotionnels et psychologiques hérités des expériences vécues par nos parents, grands-parents, et au-delà.

Ces traumatismes non résolus peuvent influencer les générations suivantes de multiples façons, souvent sans que les descendants en soient conscients.

Secrets de famille, non-dits, blessures transgénérationnelles ... quelle place dans la thérapie ?

► Il est CERTAIN que l’éducation de nos parents, les enseignements transmis par nos grands-parents, les vécus familiaux et leurs récits, les relations avec les membres de notre famille en général, sont autant d’éléments qui nous influencent tout au long de notre vie.
Mais ATTENTION l'objet de cet article n'est PAS de dire que toutes les pathologies ou les difficultés psychologiques seraient liées à la reviviscence d’un souvenir ayant trait à des situations familiales antérieures.

Il s'agit d'ABORD de s'intéresser directement à la personne vivant les difficultés psychologiques car c'est elle qui devra opérer des évolutions ou changements en elle.

L'héritage de fardeaux ou blocages trangénérationnels n'est au départ qu'une hypothèse à étudier.


Dans les cas où il n'y a pas d'éléments directement apparents dans la vie du patient qui soient en lien avec ses symptômes, il est alors important de reconnaître et prendre en compte les blessures transgénérationnelles ou blessures familiales pour pouvoir apaiser les cycles de douleur et de souffrance.

Faut-il absolument connaitre l'histoire familiale ?

Quand nous sommes informés des difficultés familiales, cela demande déjà du travail pour "se réparer". Une bonne connaissance de l'histoire familiale facilitera toujours le processus si l'on choisit de suivre cette piste.
Seulement voilà, vous ne connaissez peut-être pas l'histoire de votre famille. Les générations précédentes sont décédées. Personne à qui poser des questions.
Mais quand on ne sait pas, on fait comment ?

Soyez rassurés : vous n'aurez pas à garder votre mal-être, même si vous ne pouvez pas identifier clairement ce qui s'est passé avant vous.


C'est ce que nous allons voir dans cet article.

ATTENTION cet article ne traite PAS de psychogénéalogie.
La psychogénéalogie étudie comment les dates, les évènements et les filiations de nos ancêtres influence nos propres problématiques. Elle utilise l'arbre généalogique ainsi que certains outils particuliers. Elle vise à étudier les répétitions. D'après sa fondatrice A. Schützenberger, la psychogénéalogie n’est jamais qu’une intuition, une hypothèse qu’il s’agit de vérifier.
Son postulat et ses conclusions vont au-delà de ce que je pointe dans cet article.
Nous nous rejoignons en revanche sur la prise en compte de l'hypothèse « Est-ce que le mal dont je souffre pourrait être transgénérationnel ? », surtout quand il n'y a aucun élément explicatif présent dans votre histoire vécue.

Quelle est la différence entre les blessures d'enfance et les blessures familiales ?

En psychothérapie, il est indispensable de comprendre comment les expériences négatives affectent le développement et le bien-être d'un individu.

Il est important de prendre conscience de vos blessures d'enfance et si possible aussi de vos blessures familiales ou transgénérationnelles.
Mais ce N'EST PAS la même chose.

La principale différence entre ces deux types de blessures réside dans leur origine :

  • les blessures transgénérationnelles sont héritées des expériences ou des traumas des ancêtres (parents, grand-parents, arrière grand-parents, …) et se transmettent à travers les comportements et les schémas familiaux sur plusieurs générations,
  • les blessures d'enfance sont personnellement vécues par l'individu pendant ses années de développement. Ceux sont des traumas ou des négligences subis directement par une personne pendant ses années d’enfance.

Comprendre ces distinctions est crucial pour aborder de manière appropriée la thérapie et le soutien, en vous permettant de reconnaître les racines de vos difficultés et de travailler à résoudre vos blessures profondes.

Rappel sur les blessures d'enfance

Les blessures d'enfance sont un ensemble d'expériences négatives qui ont marqué l'histoire personnelle… à un point tel que la personne "blessée" en garde des séquelles psychologiques : souvenirs douloureux et répétitifs, perte d'estime de soi, modes de relations conflictuelles, maux physiques, sentiments incontrôlables de tristesse, angoisse, frustration, honte, désespoir ...

L'expérience des premières années de la vie a un impact très déterminant sur votre développement.

Votre enfance a parfois été le théâtre de situations traumatisantes : séparation dramatique des parents, contexte de pauvreté, violence physique ou psychologique, abus sexuel ou émotionnel, négligences graves ou mort précoce d'un parent, divorce ou maladie grave ... Ces situations laissent souvent des traces profondes.
Mais les blessures d'enfance peuvent AUSSI être la conséquence d'un ensemble d'expériences moins spectaculaires, mais qui peuvent néanmoins avoir eu un impact sur vos états émotionnels et sur votre personnalité. Elles peuvent notamment relever de certaines dysfonctions ou conflits au sein de la famille. Une relation parent-enfant déséquilibrée peut être en cause.
... il n'existe pas de parents parfaits.

En tout cas, les souffrances de l'enfant s'inscrivent dans le corps et l'esprit.
L'enfant devenu grand se voit alors en proie à des problèmes répétitifs dans sa vie adulte. Il est souvent en détresse et ne comprend pas ce qui lui arrive.

Consulter un psychologue, un psychothérapeute ou un psychopraticien est bénéfique afin de poser un regard sur les difficultés et les souffrances de l'enfant que vous avez été :
♦ pour comprendre les liens entre votre passé et votre présent
♦ pour guérir un ensemble de blessures issues de traumatismes
♦ pour faire des deuils nécessaires et trouver un sens aux épreuves qui ont marqué votre vie
♦ pour mieux agir sur vos difficultés actuelles, reprendre confiance et continuer à vous développer pour le mieux.

Quels sont les secrets de famille ou les non-dits qui pèsent ?

Plus ou moins lourds et pesants, les secrets de famille hantent la vie de ceux qui les cachent, mais aussi de ceux qui les ignorent, comme les enfants.
Sachez que les non-dits peuvent générer des traumatismes et des blessures dans les générations qui suivent (à moins d'être "révélés" et "guéries" à temps).

Ce n'est pas le secret qui agit : en réalité, c’est le trauma qui agit sous couvert du secret – ce qui est un frein à toute évolution, car cela rend presque impossible de « travailler » dessus.

Parmi ces secrets de famille qui peuvent générer des traumatismes, on trouve :

  • Inceste, violences sexuelles, viol ….
  • Enfant caché ou illégitime, abandon, avortement, fausse couche, enfant mort-né, adoption, PMA ou tout problème de filiation biologique …
  • Incarcération, délit, fraude …
  • Trahisons familiales, …
  • Homosexualité, répudiation, ...
  • Suicide, maladie psychiatrique, toxicomanie, alcoolisme, …
  • Tromperie, double vie, …
  • Revers de fortune, perte d'argent, ...
  • Séquelles et traumatismes de guerre, de migration …

Tous les secrets de famille ne sont néanmoins pas néfastes. Certains peuvent se perdre alors dans les brumes de la mémoire familiale, sans poser de problème.
Les secrets qui « agissent » sont essentiellement ceux liés à la honte – celle-ci étant très souvent présente derrière ces non-dits, de manière plus ou moins intense.
La charge émotionnelle est alors particulièrement forte et risque de provoquer des dégâts à la génération suivante, et parfois au-delà.

Nous allons voir dans le paragraphe suivant dans quel cas on peut présumer que quelque chose ne nous appartient pas.

Comment savoir si vous êtes concernés par un secret de famille ou un non-dit ?

Comment peuvent se manifester vos blessures en lien avec les mémoires familiales ?
Des symptômes et des signes peuvent vous aider à identifier si vous avez hérité de traumatismes liés à des secrets ...

Par exemple si vos difficultés psychologiques ont une origine inconnue pour vous et vous avez beau chercher, absolument rien ne semble pouvoir l'expliquer. Vous n’avez aucune idée ou piste ou évènement qui pourrait être en lien avec vos symptômes.
Ou bien si vous avez chevillé au corps l’idée ou le besoin de sauver vos parents, quitte à n’avoir aucun désir pour quoi que ce soit d’autre.
Ou encore, si vous avez l’intuition profonde que quelque chose vous est caché : on vous répond de façon évasive à vos questions, la version que l’on vous raconte change, …. enfin tous les signes connus du mensonge.

Les signes de blessures qui auraient pu être transmises de façon transgénérationnelle sont :

Schémas, Comportement Répétitifs

  • Répétition de schémas relationnels : Si vous constatez des échecs répétés ou des configurations spécifiques dans vos relations qui semblent en écho à celles de vos parents ou grands-parents.
  • Comportements autodestructeurs, comportements incompréhensibles : Ces comportements peuvent inclure la dépendance, l'auto-sabotage, ou d'autres habitudes négatives qui semblent avoir été présentes dans les générations précédentes.
  • Blocages Emotionnels

Réactions Émotionnelles Inexplicables

  • Réactions excessives à des situations spécifiques : Si certaines situations ou comportements d'autrui déclenchent une réponse émotionnelle intense qui semble disproportionnée. Par exemple avec l'irritabilité et la colère.
  • Sentiments forts de honte, de culpabilité, d’autodestruction, de dévalorisation…
  • Angoisses et peurs irrationnelles : Des peurs spécifiques qui ne sont pas liées à des expériences personnelles vécues mais peuvent avoir été des réponses apprises de vos ancêtres.
  • Cauchemars ou insomnie récurrents.
  • Peur de mourir ou phobies inexpliquées.
  • Manque de confiance envers les autres : en ayant vécu avec un membre de la famille qui a subi un traumatisme, vous pouvez finir par adopter certains comportements typiques de ce trouble, comme le manque de confiance envers les autres.

Problèmes de Santé Récurrents

  • Maladies chroniques et symptômes sans cause claire : Certaines conditions médicales ou troubles somatiques peuvent être liés à l'anxiété et au stress hérités des traumatismes familiaux.
  • Troubles psychosomatiques
  • Symptôme qui survient « brusquement » dans votre vie
  • Dépression résistante
  • Grossesse difficile, infertilité, dépression post-partum.

Sentiments de Fardeau ou de Loyauté Familiale

  • Sentiment d'obligation envers la famille : Un besoin compulsif de "réparer" des situations familiales ou de sacrifier vos propres besoins pour ceux de la famille. En tant qu’enfant, on a l’impression que l’on doit souffrir à la place de son parent.
  • Culpabilité transgénérationnelle : Culpabilité inexplicable qui peut avoir été transmise par les attitudes et les croyances familiales.
  • Blessures non présentes dans notre propre histoire : les blessures que l’on ressent et que l’on essaie de guérir ne correspondent à aucun élément de notre histoire.

Là encore la blessure transgénérationnelle est à étudier en tant qu'hypothèse.
Si vous voulez la vérifier, le mieux est de prendre RDV avec un thérapeute.

Comment les traumatismes intergénérationnels se transmettent ?

Un traumatisme peut se propager de proche en proche sans passer par la narration.
D'ailleurs le silence "fixe" les traumatismes.

Nous en reparlerons dans le paragraphe suivant.
Mais voyons d'abord comment un traumatisme peut "se transmettre" et devenir transgénérationnel.

Un parent peut transmettre un traumatisme à travers la manière dont il se comporte vis-à-vis de son enfant.

Après étude, une fois adultes, les enfants (ayant eu des parents qui ont finalement "avoué" être porteur de traumatisme) ont décrit leurs parents comme émotionnellement indisponibles dans certaines circonstances.
Le comportement des parents face à leurs propres émotions ou à celle de leurs enfants a pu être un mode de transmission. Cela peut donc déboucher sur des problèmes d'attachement.

Nous pouvons citer des exemples de parents porteurs de traumatismes :
■ lorsque les parents revivent des événements traumatisants :
Suite à certains déclencheurs ils peuvent vivre des épisodes dissociatifs, ce qui signifie qu'ils se sentent détachés de la réalité au point d'être détachés de tout ce qui se passe autour d'eux. Cela peut avoir un impact sur les enfants car les parents transmettent une immense insécurité dans la famille.
■ lorsque les parents ont une grande instabilité émotionnelle :
Les parents touchés par un traumatisme peuvent être moins en mesure de réagir de manière optimale à certains événements lors des phases de développement de leurs enfants, ce qui peut limiter leur développement émotionnel. Les parents peuvent être tellement hypervigileants qu'ils sont constamment sur le qui-vive. Ou bien ils peuvent exprimer beaucoup de violence.
■ lorsque les parents ont basculé dans la dépendance émotionnelle :
Ils peuvent éprouver des difficultés à avoir un sens "sain" de l'indépendance, ce qui peut impliquer que les enfants apprennent ces modèles de dépendance affective.
■ lorsque les parents ont une attitude toujours négative et pessimiste :
Avoir subi un traumatisme peut aussi rendre les parents très pessimistes ou catastrophiques, ce qui peut aussi façonner la personnalité de leurs enfants.

Si vous voulez en savoir plus sur ce que les colères, les conflits ou la violence peuvent entrainer au sein de la famille vous pouvez lire l'article "Disputes, colère, violences, toute la famille souffre !".

La charge émotionnelle des secrets de famille se transmet via les neurones miroirs, les neurones de l’empathie

Qu'est-ce que c'est que le phénomène des neurones miroirs ?
Il suffit que l’on observe quelqu'un en train d’effectuer une série de gestes simples – remplir un verre d’eau, le porter à ses lèvres, boire – pour que, dans notre cerveau, les mêmes zones s’allument que dans le cerveau de celui qui accomplit pourtant réellement l’action.
Même chose pour ce qui est des émotions comme l’angoisse ou bien la peur.

Avec les neurones miroir, tout se passe comme si les cerveaux étaient connectés entre eux. “Je ressens ce que tu ressens”
Seule la conscience de notre propre corps nous convainc que nous ne sommes pas nous-même en train de vivre et de ressentir ce que l’autre vit. “Je sais que tu n’es pas moi”.

MAIS les enfants ont parfois du mal à procéder à ce deuxième temps.
Comme des éponges, ils s’imprègnent des expressions corporelles de leurs parents, de leur angoisse, de leurs émotions ...

Les enfants incorporent tout un matériel psychique, d’autant plus fort qu’il n’a pas été traité par la parole : les non-dits, secrets de famille, sont tus parce que trop chargés émotionnellement.

Ce trop-plein s’exprimera parfois plus tard, lorsque le contexte fera rejaillir ce vécu émotionnel. OU ne s'exprimera pas mais se transmettra quand même.
Par exemple une femme qui éprouve une colère inexpliquée contre son fils aîné découvrira que sa grand-mère maternel est morte en couches en donnant naissance à un garçon et qu’elle porte en elle inconsciemment le ressentiment contre ce bébé, "signe" de mort.

Les traumas de nos ancêtres pourraient s'inscrire au cœur même de notre génome

Les traumatismes psychiques laisseraient ainsi des marques épigénétiques sur le génome des cellules de notre cerveau qui influenceraient la façon dont celles-ci fonctionnent, et donc nos comportements.
Ce sont ces cicatrices épigénétiques qui pourraient être transmises à nos enfants.
Surtout, il semblerait que ces états soient réversibles. Les drames laisseraient en nous des cicatrices épigénétiques qu’un environnement bénéfique pourrait éventuellement gommer.
Tout ceci est encore à confirmer. Les recherches avancent.

Retenons qu'il n'y a pas besoin de la parole pour transmettre.

Est-ce qu'il suffit de parler des histoires familiales pour qu'elles n'aient pas d'impact ?

Si on en croit les explications ci-dessus, pas si sûr...
Tous les thérapeutes s’accordent sur un point : la révélation du secret ne permet pas d’en guérir. Du moins, elle n'est pas suffisante. Certains réussissent à s’en sortir par la création artistique ou l’écriture, mais beaucoup ont besoin d'aller vers la thérapie.

Pour la personne porteuse de l'histoire familiale ou du secret de famille, qu'est-ce que le fait d'en parler peut amener ?

Quand faut-il révéler un secret de famille à ses proches ?

Difficile à dire.
Dans certaines configurations familiales ou personnelles, les secrets étouffés ou les non-dits détériorent l’état psychique de ceux qui les gardent ou de ceux à qui ils sont cachés.
Mais certaines personnes s’en sortent très bien avec un secret maintenu, et la situation empire au contraire lorsqu’ils l’apprennent.
Difficile, dans ces circonstances, de dire ce qu'il faut mieux faire. C’est vraiment à analyser au cas par cas.

En tout cas, si vous détenez un secret de famille il s'agit de vous demander si vous êtes capable de l’exposer de façon assez sereine ou si vous êtes émotionnellement trop touché pour cela.
Dans le second cas, si vous pensez important pour vous de le révéler, il vous sera utile de vous faire aider par un thérapeute, voire d’attendre d’être prêt(e).
Les conséquences pour ceux ou celles à qui vous le révéler sont difficilement prévisibles à coup sûr.

Pourquoi parler d'un traumatisme ou d'une expérience difficile est généralement essentiel dans votre processus de guérison psychologique ?

Si il est important de bien réfléchir avant de révéler des non-dits à ses proches, en parler dans un environnement soutenant et "prêt", tel que dans le cabinet d'un professionnel thérapeute, est toujours déculpabilisant.

Les interventions thérapeutiques incluent souvent des techniques qui encouragent les individus à verbaliser leurs expériences traumatisantes ou stressantes dans un environnement sécurisé et soutenant.

L'environnement sécurisé et soutenant n'est pas un détail.
Pour que quelqu'un puisse s'ouvrir sur une expérience traumatisante, il doit se sentir émotionnellement en sécurité. Cela signifie qu'il a besoin d'un environnement où il peut s'exprimer librement sans craindre d'être jugé, rejeté ou mal compris. Aborder un traumatisme peut déclencher des réactions de stress intense. Un environnement sécurisé aide à minimiser ce stress en créant un espace de confiance où la personne se sent soutenue. Le sentiment que son vécu est compris et respecté favorise l'acceptation, aidant à atténuer la honte ou la culpabilité souvent associées au traumatisme.

Quels sont les avantages émotionnels et psychologiques de parler d'un évènement difficile avec un thérapeute ?

Expression des Émotions

  • Diminution de la charge émotionnelle : Exprimer des émotions peut réduire leur intensité. Garder des sentiments négatifs à l'intérieur peut créer un stress psychologique et physique. En parler aide à libérer cette pression, ce qui procure un soulagement psychologique.
  • Validation des sentiments : Parler d'un événement difficile permet souvent de recevoir de l'empathie et de la validation de la part d'autres personnes, ce qui peut renforcer le sentiment d'être compris et soutenu.

Traitement Cognitif

  • Organisation des pensées : Parler d'une expérience peut aider à l'organiser dans notre esprit. Cela peut transformer un ensemble chaotique de sentiments et d'émotions en une narration plus cohérente, facilitant la compréhension et l'intégration de l'événement.
  • Perspective et clarté : Expliquer un événement à quelqu'un d'autre oblige souvent à le regarder sous différents angles. Cela peut conduire à de nouvelles perspectives et insights, aidant à voir les choses d'une manière qui n'était pas évidente auparavant.

Réduction du Stress et de l'Isolement

  • Soutien social : Parler des problèmes permet souvent de renforcer les liens sociaux. Se sentir soutenu par d'autres réduit le sentiment d'isolement et peut offrir des ressources pratiques ou émotionnelles pour faire face à la situation.
  • Activation du soulagement : Partager des expériences difficiles peut activer des mécanismes dans le cerveau associés au soulagement et au confort, en particulier lorsque la réponse de l'interlocuteur est empathique et soutenante.

"Désensibilisation"

  • Répétition : Parler répétitivement d'un événement traumatisant peut diminuer l'effet de cet événement sur les réponses émotionnelles. Ce processus est souvent utilisé en thérapie, comme dans la désensibilisation systématique ou la thérapie par exposition.
  • Acceptation : Avec un psychothérapeute, le partage d'un traumatisme dans un environnement positif et compréhensif peut aider à reformuler l'expérience douloureuse. Cela permet d'intégrer cette expérience de manière plus saine dans sa propre histoire, réduisant son pouvoir destructeur.

Augmentation de la confiance en soi
En discutant des événements difficiles et en explorant des solutions ou des façons de surmonter les défis, les individus peuvent se sentir plus capables et confiants dans leur capacité à gérer des situations similaires à l'avenir.

Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez lire l'article "Passé difficile, pourquoi en reparler ? ça sert à quoi ?".

Peut-on éviter de reproduire les cycles de traumatismes ?

Bien que totalement échapper à l'héritage des blessures ou des traumatismes de ses parents soit difficile, il est possible de minimiser considérablement leur impact.

La première étape pour rompre avec d'éventuelles blessures héritées est le développement de la conscience de soi.
Si vous analysez avec le thérapeute votre propre histoire, il y a une possibilité d'identifier ce qui ne vous appartient pas.
Si vous avez un ressenti en vous, une impression, ou autre qui "agit" en vous il est possible de travailler avec cet élément, fut-il une répercussion émotionnelle d'un "héritage" familial.
Dès que vous avez l'intuition que quoi que ce soit "cloche", il est important d'en parler à un psychologue ou psychothérapeute ou psychopraticien. Il saura vous soutenir quelque soit le stade où vous en êtes.

Ne pas connaître son histoire familiale complète ne vous condamne pas à répéter les erreurs ou les souffrances du passé.
Même si cela n'a pas été vécu directement, il est possible de faire un choix responsable en transformant les répercussions émotionnelles de l'héritage, même si les évènements d'origine sont juste imaginés.


Si vous êtes au courant de quelque chose, en parler à un professionnel est le point de départ afin de voir comment diminuer les impacts sur vous et d'envisager ce qu'il est possible de faire pour ne pas le transmettre.
Est-ce que la parole est suffisante ? est-ce qu'une thérapie plus complète est nécessaire ? C'est à voir au cas par cas. Il n'y a pas de généralisation possible.
Si cela vous intéresse, vous pouvez prendre RDV.
Par exemple, pour éviter la transmission "brute", une thérapie familiale pourra aborder les problématiques transgénérationnelles en "traitant" les membres de la famille ensemble, aidant ainsi à résoudre les impacts.
Vous pouvez aussi lire l'article "Comment se protéger de ses parents ?".

Si vous n'êtes au courant de rien mais que vous avez repéré les signes évoqués au début de cet article, là aussi venez échanger avec un psychothérapeute.
Même sans connaître les détails spécifiques de votre histoire familiale, nous avons vu qu'il est possible de reconnaître les symptômes de blessures transgénérationnelles (voir paragraphe plus haut dans cet article).
Par exemple des réactions émotionnelles excessives à certaines situations qui semblent disproportionnées par rapport à leur cause et à votre propre vécu.
Par exemple des blocages psychologiques ou émotionnels, des schémas relationnels négatifs qui se répètent dans votre vie sans raison apparente et sans lien avec ce que vous avez vécu.
Par exemple des peurs inexplicables, une anxiété, ou une dépression qui ne correspondent pas à vos expériences personnelles.

Quelles thérapies faire quand on connait l'histoire familiale ?

Mettre plus de conscience sur les héritages familiaux qui "agissent' en vous permet dans tous les cas de faire un pas.

Connaître les événements traumatiques vécus par vos "ancêtres" (parents, grand-parents, ...) éclairera les influences inconscientes possibles sur vos propres choix et comportements. Cela permet dans certains cas d'identifier et de lier des motifs de comportement répétitifs, des peurs sous-jacentes, et des désirs qui peuvent diriger vos actions sans que vous en soyez toujours conscients.


Souvent, les comportements qui nuisent à une personne ou qui sabotent son bonheur sont ancrés dans des dynamiques inconscientes (héritées ou pas). Prendre conscience de ces dynamiques permet de les remettre en question et de modifier activement ces comportements.

Avoir conscience des impacts possibles de l'histoire familiale est réalisable avec l'aide du thérapeute. Le thérapeute est là pour vous accompagner à faire les liens entre votre histoire familiale et vos problématiques. Il ou elle sera en mesure de voir avec vous quels sont les liens entre ce qui vous arrive et ce qui a pu laisser une trace chez vos parents. Il validera avec vous quelles sont les influences héritées et celle en lien avec les évènements vécus directement par vous.
Le thérapeute vous guidera alors pour les transformer en fonction de la thérapie choisie.
Différents outils sont alors utilisables : hypnose, actes symboliques, EMDR, art-thérapie, .....

Mais comment être sûr de connaitre tout de l'histoire familiale ?
Et bien ce n'est pas possible !

Comment traiter les blessures familiales, même quand on suppose qu'il y a des secrets de famille que l'on ne connait pas ?

Vous l'avez compris diminuer l'Impact des blessures transgénérationnelles est la plupart du temps profitable.
MAIS, dans certains cas, il peut être difficile ou impossible de connaître en détail l'histoire familiale:
- soit à cause du décès des parents,
- soit en raison de relations distantes ou conflictuelles,
- soit parce que les non-dits sont innommables,
- soit parce que vous ne voulez pas mêler vos parents à ça ...

POUR RAPPEL, les blessures transgénérationnelles sont des traumas ou des schémas comportementaux qui se transmettent de génération en génération. Donc même si on ne connait pas l’origine du schéma émotionnel on le retrouve dans la personne qui en a hérité.
Ces blessures peuvent inclure des traumas émotionnels, des attitudes, des croyances limitatives, ou des comportements dysfonctionnels qui persistent au-delà de la vie de l'individu initial qui les a expérimentés. Et c'est là-dessus que l'on va travailler.

Bien que la connaissance de l'histoire familiale puisse faciliter le processus thérapeutique pour ceux qui cherchent à guérir des blessures personnelles, elle n'est pas strictement nécessaire pour tous.

Déjà, de nombreuses approches thérapeutiques offrent des moyens efficaces de guérison, indépendamment de la connaissance de l'origine exact de vos problématiques.
Ensuite, il est possible de travailler à partir de ressentis, d'impressions, etc.
Ils vous influencent et il est possible de travailler sur eux, même si les "origines" ne sont pas connues.

Vous ne vous rendez peut-être pas compte mais la chose qui importe le plus en thérapie n'est pas la "vérité" mais ce que vous en avez retenu ... Les thérapies utilisent le souvenir de vos expériences et vos interprétations des évènements pour travailler.

Nous allons aborder ce point plus loin dans l'article.

Dans tous les cas, le psychothérapeute vous permettra d'envisager des hypothèses crédibles quant à certains aspects de votre histoire familiale si cela doit s'avérer nécessaire. Vous serez bien sûr toujours indispensable pour valider ou invalider les hypothèses.

Même si vous ne connaissez pas votre histoire familiale, pourquoi est-ce qu'il peut être suffisant de travailler sur "ce que vous en imaginez" (à partir quand même de quelques éléments) ?

Notre interprétation ou notre imagination des événements est souvent plus significative pour le travail thérapeutique que les faits objectifs eux-mêmes.

Notre compréhension de nous-mêmes et du monde est fortement influencée par les récits que nous construisons. Même partielles ou imaginées, ces "narratives" aident à donner un sens à nos expériences et à nos comportements. Et c'est là-dessus que notre construction du monde, des autres et de soi-même se fait et "colore" notre vécu.

En construisant une histoire autour de quelques éléments connus de notre famille, nous pouvons commencer à travailler des thèmes qui pourraient influencer nos propres vies. Utiliser ce que l’on sait et ce que l’on imagine de notre famille pour créer des métaphores peut aider à traiter des émotions ou des conflits internes.
Cela offre une voie pour aborder des sentiments difficiles de manière sécurisée et contrôlée.
Parler ou réfléchir sur l'histoire familiale imaginée peut permettre de libérer des émotions retenues et de favoriser la guérison.
La réflexion sur notre passé, réel ou imaginé, peut augmenter notre compréhension de nous-mêmes et de nos réactions. Le mieux est de le vivre en thérapie.
La liste des thérapies pour guérir des secrets de famille n'est pas exhaustive. Ci-dessous je citerai l'EMDR, le Focusing et la Thérapie de la cohérence mais on utilise aussi en cabinet l'hypnose transgénérationnelle, l'IFS ou la thérapie des Etats du Moi ou l'Analyse transactionnelle, la Gestalt.
Comme décrit en préambule, je n'évoque pas la psychogénéalogie car elle repose sur des hypothèses spécifiques et requiert la plupart du temps d'avoir des éléments sur son arbre généalogique et son histoire familiale.

Exemple de l'EMDR
Il y a sur certains traumatismes une approche transgénérationnelle, qui consiste à traiter les effets que peuvent avoir, sur une personne, les traumatismes vécus par ses parents, grands-parents et arrière-grands-parents. Les événements peuvent être réellement connus ou seulement imaginés.
Par exemple, si un aïeul a vécu la déportation, la personne peut être traumatisée par cette histoire, même si elle n’a que peu d’informations. L’imagination est fertile, elle travaille sur ce qui se dit comme sur ce qui ne se dit pas. On le voit dans le cas des secrets de famille: dès qu’on pose une question et qu’on sent qu’on touche à un tabou, cette interdiction devient un moteur; on se fabrique une représentation de la réalité, et on a tendance à imaginer le pire.
En thérapie EMDR, on traite, dès lors, tout ce que la personne imagine. Et c'est ça qui est efficace.

Exemple du Focusing
Certaines thérapies peuvent aussi utiliser le sens corporel en lien avec une difficulté ou un blocage.
Par exemple, le Focusing est une thérapie essentiellement basée dessus.
Les "héritages" quand ils vous influencent se retrouvent dans votre sens corporel. Il est donc possible de travailler sur eux de façon indirect.
En psychothérapie, le "sens corporel" fait référence à la conscience des sensations internes et des signaux physiques dans le corps. Utiliser cette perception ou "sens somatique" offre un accès direct aux états émotionnels et aux schémas inconscients qui se manifestent physiquement. En développant cette conscience, les patients peuvent trouver des solutions en identifiant et en changeant les schémas comportementaux et émotionnels négatifs.
Ensuite, il s'agit d'attribuer une forme concrète ou une nature d'objet à ce sens corporel qui est quelque chose d'abstrait. En psychologie, cela rejoint les techniques où des pensées, des émotions, ou des expériences internes sont traitées comme des objets concrets ou des entités externes que l'on peut manipuler ou examiner (par exemple en hypnose, en art-thérapie, en sophrologie, ...).


Exemple de la thérapie de la cohérence
La thérapie de la cohérence offre une voie prometteuse pour ceux qui cherchent à guérir des blessures transgénérationnelles, même sans une connaissance détaillée de leur arbre généalogique. Par l'identification des émotions et des comportements inexpliqués, le remodelage des croyances limitatives, et l'intégration de toutes les parties de leur psyché, les individus peuvent trouver un sens de cohérence qui leur permet de vivre des vies plus épanouies et libérées des cycles de douleur hérités. Il est possible de faire un "réencodage" positif.
La thérapie de la cohérence est une thérapie réellement transformatrice.

Comment va fonctionner la thérapie de la cohérence pour transformer les effets de ses blessures familiales?

  • Identification des Émotions et des Réactions Inexpliquées
    Sans connaissance de l'histoire familiale, il est crucial de se concentrer sur les réactions émotionnelles qui n'ont pas de cause immédiate évidente. La thérapie de la cohérence aidera à explorer profondément ces émotions inexpliquées et à découvrir les éventuels schémas récurrents qui pourraient être des indices de blessures transgénérationnelles. C'est la phase de découverte.
    Ensuite dans l'intégration des émotions, reconnaître et valider les émotions, même celles qui semblent inappropriées, permettra de les "assimiler" de manière constructive. Elles ne seront plus vécues comme des "intruses" et cette reconnaissance apaise.
  • Travail sur les Croyances Limitatives
    Les croyances qui guident les réactions émotionnelles et comportementales seront identifiées car le patient les exprimera et les validera lors du travail de découverte et d'intégration. Grâce à un travail de remodelage cognitif ou de transformation, les croyances incohérentes ou nuisibles seront transformées pour aligner les pensées avec des états émotionnels plus sains.
  • Intégration et Réconciliation
    A tous les stades de la thérapie, on encouragera des actions qui reflètent et renforcent les émotions et des croyances aidantes.

En soutien à ces thérapies, le psychothérapeute pourra utiliser des techniques de visualisation et de méditation pour réconcilier et intégrer les émotions et les pensées conflictuelles. Il pourra aussi vous aider à créer un narratif de vie cohérent qui inclura la guérison des blessures émotionnelles perçues comme héritées.

En résumé, pourquoi s'intéresser à son histoire familiale ?
La connaissance des dynamiques et des événements passés de la famille éclairera souvent les raisons derrière certains de vos comportements ou réactions émotionnelles inexplicables ou blocages émotionnels.
Cette compréhension pourra être cruciale pour :
* Identifier les racines de certains problèmes psychologiques (pour vous-même ou votre entourage)
* Rompre les cycles de comportements destructeurs.
* Construire un chemin personnalisé pour dépasser les traumatismes

Chaque effort pour comprendre et guérir les blessures invisibles peut mener à une vie plus épanouie et saine, marquant le début d'un héritage positif pour les générations futures.

Auteur : Karine BIAVA (2024)
Psychothérapie et Art-thérapie à Peymeinade 06 530


Si vous sentez que vous avez besoin d’aide car vous pensez subir certains secrets de famille ou non-dits, vous ne comprenez vraiment pas vos difficultés ou vous êtes vous-même détenteur ou détentrice d'un secret, vous pouvez entreprendre des séances de thérapie pour solutionner durablement votre situation.

N'hésitez pas à prendre rendez-vous (hypnose, PNL, IMO, EMDR - DMS, art-thérapie, thérapies émotionnelles, thérapie des schémas, thérapie de reprogrammation de la mémoire ou thérapie de la cohérence).

La théorie est une chose, en profiter vraiment en est une autre.
Une séance suffit pour répondre à une question.
Une thérapie est efficace durablement que après plusieurs séances.


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