Comment s'en sortir mieux avec la dépression ?

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Comment s'en sortir mieux avec la dépression ?

Date de publication : 23/10/2022

La dépression est une maladie difficile à soigner. Comment pourrait-on mieux la soigner ? Quelles sont les raisons qui font que la dépression revient souvent ?
Que dire des liens complexes entre honte et dépression ?

On considère ainsi qu’environ 20% des individus présenteront au moins un épisode dépressif au cours de leur existence.
La dépression est la maladie "psychologique" la plus fréquente et elle touche tous les âges.

Après une rapide revue des symptômes, cet article fournira des explications possibles à la difficulté du traitement psychothérapeutique.
La prise en charge est souvent tardive quand la dépression est "installée".
D’autre part, la thérapie TCC (Thérapie Comportementale et Cognitive) la plus souvent proposée ne traite PAS TOUJOURS suffisamment les problématiques rencontrées par la personne dans la dépression. Nous verrons de quoi il s'agit.

Concernant l’opportunité d’un traitement avec des médicaments, il est indispensable de consulter un médecin car eux seuls peuvent juger de ceci.
Mais en psychothérapie le champ d'action est très large.

COMMENT SAVOIR SI C’EST UNE DEPRESSION ?

Quels sont les symptômes de la dépression ?

Pour les adultes, on parle de dépression lorsque la personne réunit au moins 5 des symptômes suivants pendant une période d’au minimum deux semaines.

Le patient est en proie à une douleur morale (tristesse inhabituelle) et/ou à une perte de plaisir et à l'incapacité d'accomplir les actions de la vie quotidienne (se lever, aller travailler, se faire à manger).
On peut observer également de la fatigue, une perte d’énergie, une baisse d’appétit, des troubles du sommeil, des difficultés d’attention et de concentration, une irritabilité, des pensées suicidaires, une diminution importante de l’estime de soi, un ralentissement psychomoteur et la présence de douleurs physiques qui semblent inexplicables.

Pour les enfants et adolescents, les symptômes sont un peu différents. Or malheureusement, ceci fait que la dépression est moins facilement détectée.
Chez l’enfant et l’adolescent, la dépression est une véritable maladie qui engendre une profonde tristesse sur une longue période, et SURTOUT qui entraînent des changements de comportement.
Bien souvent ceux-ci n’alertent pas les parents comme étant des signes de dépression, car ils sont mis sur le compte de crises d’opposition, d’insolence, de recherche des limites, de vengeance, …

Les symptômes de la dépression chez l’enfant sont l’irritabilité, l’agressivité, une excitation débordante, ou encore une tendance à l’isolement, ou une perte d’intérêt pour le jeu.
On peut également observer des difficultés scolaires inhabituelles, des troubles de l’appétit ou une perte de l’estime de soi. Ces troubles sont le plus souvent soudains et durables.
Chez l’adolescent, on observe des comportements provocants : abus de drogues ou d’alcool, fugues, délinquance, automutilation, troubles alimentaires, etc
La dépression se complique parfois par une fugue, ou une tentative de suicide, en particulier chez les adolescents.

Chez un enfant, les évènements qui précipitent dans la dépression peuvent être multiples : la mort d’un proche, un sentiment d’impuissance ou de culpabilité face à des problèmes familiaux, le rejet et les mauvais traitements de ses camarades de classe, par exemple. Chez les enfants qui souffrent d’anxiété pathologique, la dépression peut être une complication liée à l’épuisement psychique.

Un enfant dépressif peut souffrir au point d’envisager le suicide, même si les moins de 12 ans passent rarement à l’acte. On estime que la dépression frappe 0,5 % des enfants français, ce qui représente environ 45000 cas.

En tant que parents, gardez l’œil ouvert sur de soudains changements de comportement de votre enfant. La situation peut s’aggraver rapidement.

Un enfant n’a pas la force nécessaire pour surmonter sa détresse et il a besoin de votre aide et de votre attention.

QUELS SONT LES RISQUES DE CONSULTER TROP TARD ?

La dépression peut connaître une évolution chronique et ses complications peuvent être sérieuses.
Même sans parler des risques suicidaires, plus l’épisode dépressif dure longtemps plus le risque de rechute est grand.
Par ailleurs, les impacts relationnels, familiaux et professionnels de la dépression sont importants, donc les répercussions peuvent laisser d’autant plus de traces avec l’extérieur : les symptômes de la dépression sont difficiles à comprendre et à accepter pour les proches et sont souvent incompatibles avec bien souvent, le maintien de certaines relations pourtant indispensables à la guérison.

Le risque de suicide est également majoré et les patients ont, en outre, une probabilité accrue de développer des pathologies somatiques chroniques (diabète, obésité, problèmes cardiovasculaires, etc.).

POURQUOI CONSULTE-T-ON TROP TARD ?

Certaines personnes hésitent à se faire traiter rapidement pour plusieurs raisons.

La proximité apparente des symptômes de la dépression avec des émotions dont nous faisons tous l’expérience au cours de la vie (tristesse, découragement, désespoir) favorise la confusion entre dépression et « déprime » ou « coup de blues ».
Or, chez la plupart des personnes, la variation de ces émotions est normale, temporaire et ne constitue pas un handicap au quotidien.

Pour les enfants, les symptômes sont mal connus. Et ils sont donc souvent associés à des troubles "normaux" liés à l'époque, à la violence ambiante, à des comportements transitoires, .....

MAIS SURTOUT il existe encore une « mauvaise » image de la dépression. Du coup, la plupart des personnes préfère qualifier leurs difficultés de fatigue, de stress, de "burn-out", de surmenage, ... et du coup retarde les bons traitements.
Mais pourquoi cherche-t-on à éviter de parler de dépression ? un sentiment de honte lié à ça ?

Ce n'est toujours pas très clair pour certains.

La dépression est une maladie, et non le reflet d’une faiblesse de caractère.


Elle peut durer quelques semaines, souvent plusieurs mois, parfois plusieurs années.
La dépression nécessite dans un grand nombre de cas une prise en charge médicale (bien sûr d'une durée adaptée et toujours remise en question par le médecin) et sa guérison n’est pas une affaire de volonté.

MAIS que pense-t-on encore à tort à propos de la dépression ?

  • idée de faiblesse: Etre déprimé c’est avoir le sentiment d’être un "faible" donc le corollaire est que pendant un certain temps le patient pense « je vais m’en sortir tout seul, par la volonté".
    C’est faux ! La guérison d’une dépression n’est jamais "liée à la volonté ".
    Elle peut guérir » spontanément » si les circonstances qui l’ont déclenchée changent ou simplement s’estompent avec le temps mais la volonté n’y est pour rien.
  • la culpabilité : "Si je suis faible et que je n’arrive pas à m’en sortir par la volonté, c'est que je ne sais pas réagir. Je suis responsable de mon état car je n'ai pas su faire les bons choix"
  • l’isolement : Que le sentiment d’isolement soit purement psychique (personne ne me comprend) ou qu’il soit aggravé par un isolement physique (pas de famille, d’ami, de conjoint, etc..) il fait très souvent partie de la dépression et l'entretient.
  • le rejet et l'incompréhension : Par honte, par culpabilité le patient dépressif n’a pas la capacité à aller vers les autres et refuse généralement les contacts (repli sur soi-même) et le traitement. Rompre l’isolement, c’est faire le premier pas mais le problème est que la "tristesse", le "manque d'énergie" font peur aux autres, d'où les réactions souvent entendues "Bouge toi ! Lève toi ! Réagis !".
    L’entourage ne comprend pas, même avec la meilleure volonté du monde. D'où un phénomène inconscient de rejet parmi les proches. C’est pas facile pour eux non plus. Peut-être culpabilisent-ils eux aussi !!!
    "Fais un effort, reprends toi, il y des bien plus malheureux que toi, etc… « . Les conseils fusent, accroissent la culpabilité et la lumière diminue encore et encore et encore…

Et au final, la honte.

POURQUOI LA DEPRESSION EST UN CERCLE VICIEUX avec la HONTE et le PESSIMISME ?

Bien sûr que certains évènements (deuils, maladies, perte d'emploi, séparation, divorce, ...) peuvent vous précipiter dans la dépression. Mais ceux sont des facteurs précipitants ou déclencheurs.

En revanche, les facteurs de vulnérabilité ou de maintien sont différents.
La dépression trouverait racine dans différents schémas négatifs, comme l’extrême abnégation, la peur de l’abandon, la recherche constante d'approbation, la méfiance, le pessimisme, mais aussi la honte et l'isolement social. Nous en reparlerons plus tard pour discuter de la difficulté d'une thérapie efficace. Ceci expliquant pourquoi se "débarrasser" de la dépression est si difficile.

Les personnes atteintes de dépression auraient tendance à agir comme si elles n’étaient pas à leur place, étaient défectueuses, mauvaises ou invalides.
En conséquence, ces personnes auraient tendance à ruminer des pensées et croyances pessimistes à propos d’elles et d’eux-mêmes. Ainsi, il n’est pas rare que les personnes dépressives se retrouvent à penser qu’elles sont nulles, qu’elles ne valent rien ou encore que personne ne les aime.

Bien qu’en France, une personne sur cinq a souffert ou va souffrir d’une dépression, ceci explique pourquoi la dépression continue à être une maladie « honteuse » dans l’esprit d’un certain nombre de personnes. La dépression engendre donc la honte.

LA HONTE, UN SENTIMENT TOXIQUE QUI REND DÉPRESSIF

Se sentir honteux ou honteuse, ce n’est pas toujours mauvais en soi : la honte permet, par exemple, d’éviter d’être exclu de certains cadres car elle est là pour rappeler certaines règles en société.
Mais lorsqu’elle devient toxique et injustifiée, elle peut favoriser certains troubles de santé mentale, comme les troubles des conduites alimentaires (hyperphagie, boulimie, anorexie ...) ou les troubles de l’humeur comme l'anxiété et la dépression.
Il s’agit d’un sentiment d’infériorité envahissant, un sentiment d’humiliation lorsque l’on prend conscience qu’autrui est témoin de nos insuffisances et qu’il se mue en juge.

La honte est une blessure grave de l’estime de soi qui tend à laisser seul face à une souffrance morale et à un repli sur soi-même.


Avoir honte et être exclu feraient partie des schémas communs qu’on développe très tôt dans la vie et qui favoriseraient la dépression. D'ailleurs la honte toxique et l’isolement qui en découle seraient les deux plus gros facteurs de troubles dépressifs. La personne qui en souffre peut se sentir mal-aimée et ce sentiment augmenterait le risque de pensées suicidaires.

TOUT TENTER POUR SOIGNER UNE DEPRESSION

Souvent quand la dépression a été prise tard, ou bien est chronique, il est compliqué d’agir car elle est bien « ancrée ».
Si la prise en charge des épisodes dépressifs est aujourd’hui bien codifiée avec une efficacité clairement démontrée des antidépresseurs et de certaines psychothérapies, on estime cependant que ces traitements ne sont pas efficaces dans un tiers des cas.

Alors pourquoi ?

En ce qui concerne les traitements médicaux, il est important déjà de revérifier avec votre médecin la posologie et la nature des médicaments utilisés. La piste de certaines maladies chroniques sont aussi à étudier avec votre médecin.

La susceptibilité génétique est aussi à connaitre. Il y aurait 2 à 4 fois plus de risques en cas d'antécédent familial. La dépression aurait un côté « génétique » avec des lignées de familles dépressives.
Peut-être en rapport avec les processus épigénétiques, c'est-à-dire les mécanismes modifiant de manière réversible, transmissible et adaptative l'expression des gènes).
Mais aussi, il est important de noter que, dans les facteurs psychologiques, certains schémas (comme nous l'avons évoqué plus haut) favorisent la dépression. Pour rappel, la dépression est "favorisée" quand une personne présente certains schémas et blessures : rejet, honte, isolement social, faible estime de soi …
Or les schémas influencent souvent une personne car ils ont été "inculqués" par la ou les générations précédentes.
Et en plus on peut faire l'hypothèse de l'influence des fardeaux transgénérationnels, qui là aussi proviennent d'une transmission.

Pour quelqu'un qui aurait une tendance à être en dépression, on est souvent en face de sentiments excessivement difficiles à travailler.
Notamment la honte, la culpabilité et le rejet. Surtout qu'un cercle vicieux s'installe car ces sentiments engendrent la dépression et sont générés par la dépression.
Par exemple, vous l’avez compris la dépression entraine la honte et la honte renforce la dépression.

QUE PEUT-ON FAIRE POUR SOIGNER LE MIEUX POSSIBLE UNE DEPRESSION ?

Les risques de dépression sont "mal" identifiés et rarement travaillés en amont chez une personne, alors que l'on connait de mieux en mieux les "caractéristiques psychologiques" qui prédisposent aux tendances dépressives (nous venons de les voir dans les paragraphes précédents).
Il serait plus utile de travailler sur ses schémas et ses difficultés AVANT d'être vraiment en dépression.
C'est la même chose que si vous attendiez de sauter dans le vide pour penser à prendre un parachute, en espérant apprendre à l'utiliser une fois au sol !

Avant de "tomber en dépression", il serait plus intéressant de travailler en prévention. En plus des facteurs génétiques et biologiques, beaucoup d'éléments sont déjà présents avant qu'un évènement précipitant (décès, séparation, perte d'emploi ...) se produise.


Après une rapide revue des thérapies qui permettent de sortir de la dépression, nous verrons quelles sont les thérapies qui pourraient permettre de ne pas y entrer ou bien d'en sortir plus durablement.

Thérapies pour sortir de la dépression

Il existe différents types de thérapies ayant prouvé leur efficacité pour sortir de la dépression.

Parmi ces thérapies, on peut citer

  • La thérapie de soutien : c'est un accompagnement du patient dans les situations difficiles qu’il traverse. La psychothérapie de soutien vise à réduire la souffrance psychique du patient. Le professionnel de santé va le soutenir activement et l’aider à comprendre ses réactions, ses pensées et ses émotions pour mieux réagir aux situations difficiles traversées (deuil, divorce, maladie, handicap, perte d'emploi ...).
  • La thérapie cognitive et comportementale (TCC) : elle consiste à apprendre au patient à remplacer un comportement inadapté par un comportement plus adapté correspondant à ce qu’il souhaite. Pour cela, il est possible d’agir soit directement, soit par un travail sur ses pensées « automatiques », qui sont l’expression de la dépression.
    Dans le cadre d’une TCC, il est possible d’apprendre au patient à recommencer à faire les choses qu’il n’arrive plus à faire, de façon mesurée et progressive, en mettant en place un planning d’activités. L’objectif, ici, est d’apprendre à la personne déprimée à évaluer, pour chaque activité qu’il entreprend, son niveau de réussite et son ressenti de manière nuancée, plutôt que de voir tout négativement comme c’est souvent le cas lors d’une dépression.

Peu à peu, le patient va améliorer sa connaissance de lui-même, sa façon de fonctionner, de penser et reprend confiance en lui. Il a été démontré que ce type de thérapie par l’apprentissage est aussi efficace qu’un médicament pour sortir de la dépression, si celle-ci est d’intensité légère à modérée.

Mais il est bien souvent indispensable d’utiliser d’autres thérapies.
L’échec à moyen terme vient d’ailleurs peut-être du fait que seule une TCC a été utilisé.

Thérapies qui pourraient permettre de ne pas "entrer" en dépression ou d'en sortir plus durablement

Si l'évènement précipitant est un évènement traumatique, le traitement du traumatisme par des techniques appropriées est bénéfique (hypnose, EMDR, EFT, ...)

Si les évènements précipitants sont un décès, une séparation, une discrimination ou une exclusion sociale, une addiction à des produits illicites ... toute thérapie spécifiquement axée sur ces difficultés peut être bénéfique en plus de la thérapie de soutien.

Pour un travail sur les schémas et sur des sentiments comme la honte, il est plus utile de faire une thérapie des schémas et des thérapies émotionnelles, et non seulement une thérapie cognitive et comportementale.

Il est très efficace aussi de combiner une thérapie systémique ou une thérapie familiale, une thérapie systémique individuelle, voire une thérapie existentielle.

D'autant plus qu'un lien certain est fait pour la dépression avec des antécédents familiaux (tout comme pour le risque de suicide, le psychologue ou psychothérapeute recherche systématiquement des "schémas" familiaux), les psychothérapies telles que la thérapie psychoémotionnelle, la thérapie des schémas ou la thérapie systémique sont efficaces car elles travaillent directement à partir des influences et évènements liés aux parents.


Sans oublier que d’autres types de thérapies peuvent aider le patient à travailler toutes les difficultés mentionnées, telles que l'art-thérapie, notamment avec les enfants et les adolescents. Grâce à l'art-thérapie, un élément très impacté par la dépression est remis en action : la créativité.

Ne pas se limiter aux TCC est "se donner de vraies possibilités" d'éviter de nouveau la dépression.


Les psychothérapies permettent de donner du sens à la dépression, à mieux comprendre ce qu’il se passe, à explorer ce qui a pu précipiter l’individu vers cet état et ainsi à sortir progressivement de la dépression. Grâce aux différentes thérapies, les schémas d'une personne qui l'ont précipité dans la dépression peuvent être modifiés.

Auteur : Karine BIAVA (2022)
Psychothérapie et Art-thérapie à Peymeinade 06 530


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