DISTANT(E), pas à sa PLACE, détaché(e), ÉVITANT(E) ...

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DISTANT(E), pas à sa PLACE, détaché(e), ÉVITANT(E) ...

Date de publication : 01/05/2023

Décalé(e) par rapport au monde ? Coupé des autres avec l'impression de ne jamais être à votre place ?
Personne ne vous voit jamais vraiment ? Vous êtes une personne un peu fantomatique aux contours noir et blanc ? Vous devez raser les murs pour ne pas vous faire remarquer ? Vos échanges avec les autres sont compliqués ? Vous fuyez la relation de proximité émotionnelle et d'intimité ?

L'explication est peut-être dans votre enfance.
Si "le vide", "le trop" ou "le chaos" à propos de votre enfance vous parle, alors vous avez sûrement pris l'habitude de vous extraire d'une façon ou d'une autre de votre environnement. L'explication est peut-être lié à des situations traumatiques ou à des états de stress intenses.
En plus de l'environnement, ce qui pourrait expliquer une stratégie plutôt que l’autre est le tempérament de chacun (donc des sensibilités, des caractéristiques, des capacités différentes ...), l'aide que vous avez pu recevoir de l'extérieur, et ... vous avez toujours fait de votre mieux.
En tout cas, à chaque fois, vous vous êtes protégé en érigeant des protections internes et/ou une carapace grâce à laquelle le monde extérieur ne pouvait plus, ou moins, vous atteindre.

Nous allons évoqué quelques solutions différentes ayant le même objectif, réduire votre souffrance morale et parfois physique :
- se protéger derrière un masque ou "faux-self",
- opter pour une adaptation chronique au monde appelé attachement évitant ou détaché,
- se couper de soi-même (de façon bien souvent inconsciente et involontaire) en "tombant" dans un état de dissociation ou dans l'alexithymie.

C'est des deux premières possibilités dont nous allons parler dans cet article.
Nous aborderons la dissociation et l'alexithymie dans un prochain article "Je ne RESSENS RIEN, je n'IMAGINE RIEN, déconnecté(e) ...".

Quels sont les grands schémas d’enfance et d’adolescence qui favorisent le détachement ?

Il est important de préciser que la construction de notre personnalité ne dépend pas uniquement de ce que nous vivons.
Notre tempérament joue dans le développement de notre style d’attachement.
Il est toutefois admis qu’il pèse moins dans la balance que la relation à nos parents et les événements de vie rencontrés (qui jouent sur notre caractère lié aux influences éducatives).
Pour rappel, nos traits de personnalité sont formés par notre tempérament (composante innée de la personnalité) et notre caractère (part acquise).

Le vide

Cela correspond à un environnement familial, dans l’enfance, où le manque voire le vide règnent : peu de paroles échangées, rares gestes de tendresse, absence des parents et/ou ambiance générale peu chaleureuse, laissant l’enfant seul avec ses émotions et ses pensées.


Une manière efficace de s’en défendre est de « fermer les écoutilles » et de descendre en plongée à l’intérieur de soi, afin de se protéger de la douleur d’être ainsi privé de la "nourriture de base".
Cette façon de s’adapter ne peut être que temporaire, le temps d’une période éprouvante (divorce parental par exemple), mais elle peut aussi s’installer comme un mode durable d’être en relation avec soi-même et les autres.
Ceci est bien plus préoccupant, car cela risque de devenir une partie dominante de la personnalité à l’âge adulte.

La solitude n’est pas toujours celle qu’on croit.
On peut se sentir très seul entouré de nombreuses personnes. Car la solitude est davantage un sentiment qu’un état de fait.
Le sentiment de solitude s’ancre dans nos émotions et nos ressentis corporels : une forme de vide, l’ennui, l’impression que personne ne nous voit ni ne nous comprend, un décalage entre soi et le reste du monde, l’idée que nous ne sommes pas arrivés dans la bonne famille voire sur la bonne planète…

Pour nous développer sereinement, le cœur et l’esprit ouvert, nous avons besoin d’être protégés, choyés et réconfortés. Nous avons besoin d’être vus, entendus, écoutés, reconnus et compris pour ce que nous sommes.

Nous avons besoin de vrais contacts.
Par le regard porté sur lui de la part de ses parents, le bébé se met à exister car il est reconnu par eux et donc, peu à peu, il se reconnaît lui-même, ce qui construit ses assises narcissiques (« j’existe »). Lorsque cela ne s’est pas fait, le bébé puis l’enfant reste dans un vide, un état presque fantomatique. S’en suit alors une lutte, de parfois toute une vie, contre le vide.
Être un enfant non désiré a un impact psychologique important sur l’adulte que cet enfant sera.
Les blessures sont fortes car il en va de l’estime de soi de l’individu, qu’on appelle aussi « fondations narcissiques ».

Bâtir une carapace autour de ses traumatismes (surpoids, distance émotionnelle, dépression,…) est une manière de faire face et de traverser l’existence. Mais, tôt ou tard, le corps finit par s’exprimer et par faire resurgir les traumatismes originels.

Le trop

Les environnements familiaux où tout est excessif, que ce soit la protection ou l’agitation ambiante, sont tout aussi toxiques que les situations de vide.
L’enfant, pour se construire correctement, a en effet besoin d’un équilibre et d’une stabilité générale afin de développer ses propres capacités, ses propres particularités.
Il nécessite qu’on respecte ses besoins et sa personnalité.
Si l’univers dans lequel il grandit, et ses parents en particulier étouffent trop ses désirs et ses habiletés spécifiques par excès de conformisme, de peur ou de chaos général, l’enfant peut se replier sur lui-même, éteindre sa flamme et ne montrer à l’extérieur que ce qui est attendu.
Vouloir le meilleur pour ses enfants est une pensée qui occupe certainement la plupart des parents. Toutefois, dans certaines familles, ces exigences prennent des proportions exagérées et deviennent délétères au final pour l’enfant.
Investi comme prolongation narcissique de ses parents, l’enfant est inconsciemment assigné à réussir là où ses parents ont échoué, pour réparer leurs blessures.
La « mise au placard » de sa personnalité propre pendant de longues années induit dans de nombreux cas une fermeture sur soi, mettant ainsi au placard les émotions et les ressentis, faisant le lit d’un attachement évitant et d’un fonctionnement de façade ou de collage aux attentes extérieures.

Le chaos

Dans certains cas, se détacher des émotions est une urgence vitale.

Quand la vie est trop violente (négligence grave, maltraitance, abandon, abus…), la déconnexion émotionnelle est la seule chose possible pour tout simplement survivre pour ne pas mourir de détresse et de solitude.

La déconnexion émotionnelle allant même jusqu'à la dissociation n'est d’ailleurs pas décidée par la personne. Elles sont automatiquement mises en marche grâce au mécanisme neurobiologique de dissociation.

Des différents situations traumatiques qui peuvent impacter significativement un enfant et, donc l’adulte qu’il deviendra, avoir un parent souffrant de maladie mentale est probablement l’un des plus préoccupants. Et probablement lorsque ce parent est la mère, car le lien mère-enfant est un pivot dans la construction psychique, par son aspect nourricier et charnel. Lorsque ce lien est abîmé par la maladie, les dommages sont plus importants.
La figure d’attachement (parent malade de troubles mentaux), qui devrait être une source de sécurité, devient une source de peur.
Ne pas avoir été désiré, avoir été victime d’inceste sont des traumatismes aussi très graves en termes d’impact sur le corps et la psyché à l’âge adulte. Les traces sont profondes, parfois indélébiles, car dans les 2 cas il est question de mort et de non-existence.

L’esprit de l’enfant victime ne peut se protéger des situations traumatiques d'enfance qu’en se dissociant, c’est-à-dire en se déconnectant de ses émotions, ressentis et pensés.


La liste ne peut être exhaustive.
Beaucoup de circonstances peuvent générer un détachement émotionnel :
- la séparation d’avec ses parents en raison d’une maladie, d’une prématurité ou d’une hospitalisation ;
- un contexte de chômage ou de difficultés financières qui stressent fortement les figures d’attachement ;
- un divorce parlant de talent très conflictuel ;
- un accouchement traumatique ;
- etc

La dissociation involontaire du passé amène la dissociation « volontaire » dans le présent. À force d’avoir été coupées très jeunes d’elles-mêmes, de leurs ressentis et de leurs émotions, le corps et l’esprit de certaines personnes se sont habitués à cet état, voire en deviennent dépendants.
Ils reproduisent alors les conduites de dissociation (comme l’abus de drogues et les tentatives de suicide) afin de rester hors du monde, hors d’atteinte. Ces comportements, parfois mal compris et jugés durement par l’entourage, sont les solutions que la personne trouve pour réguler la souffrance ou, plutôt, pour la faire cesser.

Qu'est-ce qu'un masque ou un faux-self ?

Dans notre société, les apparences sont très valorisées, et contrôler son image est une priorité pour beaucoup.
Il s’agit ici de ne pas se laisser envahir par des émotions désagréables qui seraient difficiles à contrôler et, surtout, de ne pas montrer son désarroi ou sa vulnérabilité au monde extérieur.
La solution utilisée fréquemment est celle de mettre un "masque".
Ce masque s’appelle un « faux-self » ou persona.

Le "masque" est mis entre soi et les autres pour correspondre à l'image sociale que l'on souhaite donner et à mettre à distance la détresse qui est au fond de soi, pour qu’elle soit moins visible extérieurement.

La croyance inconsciente qui régit ce fonctionnement est le plus souvent celle-ci : « Si je montre ce que je ressens vraiment, c’est trop dangereux : je vais être rejeté (ou abandonné, ou maltraité, ou pire, exclu). »

Il y a forcément un masque dont vous avez entendu parler .... l'ego.
Qu’est-ce que l’ego ? Il est souvent défini comme un masque social élaboré avec de la fierté et d’abondants mécanismes de défense. Une de ses significations les plus courantes est celle de la fierté, celle de cette image de soi qui cherche à mettre sur le devant de la scène une partie de nous-mêmes face aux autres.
Il peut à la fois nous empêcher d'être ce que nous sommes au plus profond de nous et à la fois nous permettre d'accomplir des objectifs personnels et professionnels très grands car l'ego est porteur d'une volonté et d'une ardeur décuplées.

D'autres masques sont couramment rencontrés dans l’éventail des défenses psychologiques de l’être humain :
• Celui de l’évitant ... sur lequel les événements extérieurs glissent sans faire de trace (en apparence), est très répandu. La personne qui porte ce masque peut nous apparaître froide et insensible – certaines le sont vraiment, mais la majorité se protège par ce masque d’indifférence qui maintient à distance l’autre, la relation et les émotions qui vont avec.
• Il existe aussi un faux-self ou masque bien plus émotionnel, théâtral quelquefois, où, à l’inverse, tout est source de dramatisation et de victimisation, correspondant davantage au style d’attachement anxieux. Ici, le masque sert à attirer l’attention d’autrui pour se sentir moins seul(e), au prix de perdre son autonomie, son discernement et son estime de soi.
• D’autres personnes vont revêtir le masque du "travailleur acharné" ou de l’hyperactif, qui, tant qu’il est dans l’agir, ne ressent guère ses émotions et les tient ainsi sous contrôle. Occuper son esprit en étant toujours occupé(e) est un moyen efficace pour maîtriser le vécu émotionnel, du moins à court terme. « Tant que j’agis, je ne ressens pas » pourrait être le leit-motiv de ces personnes.
• Pour certains, s’occuper des autres et être ainsi le bon soignant (ou copain/copine, ou mari/femme…) permet de ne pas dévoiler ses parties vulnérables. Là aussi, c’est une technique de diversion : en étant concentré(e) davantage sur autrui que sur soi-même, on maintient ses ressentis à distance.
• Enfin, parmi les masques les plus utilisés, nous pourrions aussi citer le perfectionniste – « Tant que ce n’est pas parfait, je ne peux pas me permettre de montrer ce que je fais et donc ce que je suis » –, le narcissique manipulateur – « Je suis un être spécial, supérieur aux autres, je ne peux pas voir mes défauts » –, ou encore le conformiste suiveur – « Je fais ce qui est attendu de moi et nie les parties de moi qui dévient de la norme ».
• etc.

Pourquoi il est dangereux de se cacher derrière un "masque" ?

Cacher nos émotions désagréables nous coupe des émotions agréables.

La question de la colère et de la tristesse refoulée est ainsi au cœur de la problématique et il est urgent de développer de meilleures relations avec ses émotions pour apaiser et guérir durablement nos blessures.
Ne pas montrer qui nous sommes vraiment, dans nos failles et nos zones de fragilité, est une défense que nous utilisons tous à certains moments de notre vie.
Personne ne peut faire sans.
Cela est lié à l’évolution de l’humanité à ce jour.
La vie est ainsi faite que, dans de nombreuses circonstances, il n’est pas bienvenu de montrer notre vulnérabilité et nous n’avons pas d’autre choix, encore à l’âge adulte, de cacher ce que l’on ressent.
Par exemple, rares sont les entreprises ou lieux de travail où nous pouvons être pleinement nous-mêmes, car les attentes (voire les exigences) sont avant tout centrées sur la performance, le contrôle et la production.
Peu de place est accordée dans ces endroits à la sensibilité et la spontanéité.
Il en est de même pour tous les systèmes en place : l’école, le système médical, la politique, etc.
« Cachez ces émotions que je ne saurais voir », tel est l’adage implicite en application dans la majorité des espaces sociaux que nous traversons dans notre vie.

Si le faux-self ou le "masque" devient, non plus une défense ponctuelle, mais un mode de fonctionnement automatique, la solution devient un problème. Le piège se retourne contre nous.
Restreindre sa personnalité à une manière d’être "forcée" (qu’elle soit contrôlante, victimaire, sauveuse ou encore conformiste) nous coupe de parties précieuses de nous (probablement même les plus précieuses).

Les émotions sont inhérentes à l’existence et font circuler la vie en nous.
S’en couper par un faux-self, même partiellement, crée ce que les psychanalystes appellent la « névrose », qui est un refoulement de parties de soi dans l’inconscient ou le subconscient.
L’accès aux émotions difficiles (tristesses, colères, peurs…) est empêché.
Certes, cela génère un soulagement temporaire, mais l’accès aux émotions agréables comme la joie, la fierté ou encore l’amour est restreint en même temps. La vie peut sembler alors bien creuse et vide.

Pourquoi les autres nous sont indispensables pour « grandir » ?

Les moments d’angoisse et de tristesse deviennent des épreuves quand nous les vivons seuls.
Quant au sentiment du vide intérieur et les envies de disparaître qui vont souvent avec, c’est la solitude ressenti face aux manques et à l'absence de sécurité et de réconfort venant de "figures rassurantes" qui les génère.
Nous savons aussi qu’un événement adverse devient un traumatisme, non pas tant par son fond mais par sa forme : le fait de le vivre seul(e), sans soutien ou réconfort ou repère stable.
Ainsi la question du lien à l’autre est centrale dans la capacité à traverser les difficultés de la vie et à ne pas en rester marqué(e).

Les murs de la solitude sont ceux qui empêchent de parler de soi, de ses difficultés, et ainsi de demander et de recevoir de l’aide pour comprendre, intégrer et dépasser ce qui est difficile.

Il y a aussi les murs moins visibles qui nous tiennent loin de nos profondeurs psychiques : le refoulement, le déni, l’intellectualisation… pour ne citer que les mécanismes de défense psychologiques les plus connus. Ces fonctionnements nous laissent prisonniers d’une partie de nous qui dirige notre vie, le conscient, alors que bien d’autres espaces de notre psyché auraient tant à dire et pourraient œuvrer à notre complétude : les parties inconscientes.
L’exploration de nous-mêmes, amenant au processus d’individuation tel que défini par Jung, permet de faire tomber les murs du mal-être et de construire de multiples ponts salvateurs : des ponts entre le passé et le présent, entre l’inconscient et le conscient, et entre l’ombre et la lumière.
Une des possibilités souvent choisie (quand on ne trouve pas à l'extérieur une forme d'aide) est de développer dès le plus jeune âge un style d’attachement dit évitant.

Développer un attachement évitant n’est pas le fruit d’une volonté ou d’une décision.

Un évitant se construit psychiquement de manière inconsciente et malgré lui. C'est un mode de défense "efficace" à très court terme ... mais beaucoup moins à moyen et long terme.

Pour plus de précision sur ce qu’est l’attachement, un article y sera entièrement consacré.

Qu’est-ce qu’un attachement évitant ?

L’attachement évitant est une adaptation mise en place jeune, différente de ceux qui sont coupés de leurs émotions (voir l’article sur l’alexithymie et la dissociation). Sachant que certaines personnes font les 2 en même temps.
On peut aussi devenir peu à peu évitant à la suite d’expériences répétées de dissociation (au moins légère chez tous les évitant, voire forte chez les grands traumatisés).

Dans l'attachement évitant, ce qui est fui n’est pas le lien social en général mais avant tout la relation d’intimité et de proximité émotionnelle.

L’évitant construit sa vie sociale de telle manière que soient réduits les déclencheurs émotionnels (jusqu'à avoir certains blocages émotionnels).
Pour de nombreuses personnes, il est normal de contrôler ses émotions et de chercher à éviter les vagues, même si cela implique de se sentir un peu en décalage avec le monde. Tout en vivant cela, certaines assurent qu’elles sont dans un attachement sécure, autrement dit que tout va bien dans leurs relations avec les autres et avec elles-mêmes alors qu'à y regarder de plus près, elles sont dans un attachement évitant.
D’autres vont considérer que leur manière d’être un peu coupé des autres est leur tempérament. Sans souvenir de leurs premières années de vie, elles s’imaginent qu’elles ont toujours été ainsi, et qu’elles sont par nature timides ou introverties.
Or, à la différence d’un tempérament introverti (qui est inné), un comportement évitant est une construction sociale et donc un trait de caractère.

Petit rappel sur la personnalité et le caractère :

→ Le tempérament est l'humeur naturelle et la disposition innée d'une personne, c'est-à-dire sa façon spontanée de réagir à une situation extérieure. Le tempérament est défini par des facteurs biologiques et influe sur le comportement de l'individu.
→ Le caractère est un "schéma" psychologique associé aux caractéristiques dynamiques propres d'un individu. Le caractère n'est pas quelque chose d'inné, mais il est fortement affectée par l'environnement, la culture et l'entourage social de chaque personne.
→ La personnalité est le mélange subtil du tempérament et de caractère. La personnalité possède un aspect dynamique, qui possède un aspect interne (manière de penser) et externe (comportement, conduite).
Le mot ‘personnalité’ vient du latin ‘persona’, qui signifie ‘masque’. On se construit à partir de son tempérament une personnalité (dans la partie appelée le caractère) pour faire face au monde.

L’attachement évitant découle donc du vécu : la personne s’est construite inconsciemment une manière d’être au monde plutôt évitante. Ce fut sa manière de s’adapter face à l’adversité.

Comment se met en place l’attachement évitant ?

C’est dans l’enfance que se dessinent les contours d’une personnalité évitante.
En cause, un cadre familial qui ne permet pas à l’enfant d’exprimer librement ses émotions.
« La famille n’est pas maltraitante mais à la maison, on ne parle pas de ses sentiments et de ses émotions, on ne les laisse pas paraître. De même, il n’y a pas ou peu de contacts physiques, de câlins… ».
Dans cet environnement un peu froid, un enfant qui ne va pas bien apprend à taire ses émotions et ses ressentis.
Il a compris que ses parents n’étaient pas disponibles pour aborder ces sujets.
« Au fond, le plus souvent, ce qui crée un attachement évitant, c’est l’indifférence émotionnelle. L’enfant apprend à garder pour lui ce qui ne va pas. Il ne va pas parler à ses parents de ce qu’il s’est passé à l’école ou avec des amis. Il le met au fond de son cœur, l’encapsule et essaie de l’oublier ».

Les personnes au comportement évitant ont ainsi peu de souvenirs de leur enfance, comme une sorte d’amnésie pour oublier ce qui a fait mal.

Lorsqu’on leur demande d’évoquer leurs jeunes années, elles parlent d’une période un peu vide, un peu plate. Au fond d’elles, il reste une trace émotionnelle de ces années passées à taire leurs émotions. Mais entretemps, elles se sont blindées : émotionnellement, rien n’entre et rien ne sort.

Comment "guérir" d'un attachement évitant ?

L’attachement évitant est une source de difficultés relationnelles et de comportements destructeurs.
« Tant qu’il ne se rend pas compte que sa manière d’être pose problème dans ses relations affectives, l’évitant ne se pose pas de questions. Il commence à en souffrir quand il se rend compte que cet évitement général l’empêche d’avoir des relations qui durent. Les personnes évitantes demandent rarement de l’aide. »
Souvent, elles viennent consulter parce que le corps a parlé (ulcère, cancer…), qu’ils se sont effondrés d’un coup (dépression) ou parce que leur conjoint leur a posé un ultimatum (« Tu n'exprimes rien. Va voir un psy ou je divorce »).
Ces patients ne sont pas toujours faciles à aider, car ils ne viennent pas vraiment d’eux-mêmes. Au fond, ils ne voient pas où est le problème et sont même souvent sceptiques, du moins au début, sur l’intérêt d’une thérapie.
D’autres, par contre, ont eu un déclic : un ami de longue date qui dit un jour « j’ai l’impression de ne pas te connaître », un collègue qui lance « toi, rien ne te touche jamais », ou un conjoint qui se plaint qu’il n’en peut plus de vivre avec quelqu’un qui n’exprime jamais ses ressentis et ne montre jamais ses émotions… Ces phrases n’ont pas été dites pour blesser, mais elles ont fait mal.

Que faire avec un proche évitant ?

Avoir un proche évitant, c’est avoir une relation avec quelqu’un qui ne dit pas ce qu’il vit, pense ou ressent. Cela ne veut pas dire qu’elle n’a aucune d’émotion, uniquement qu’elle ne sait pas les exprimer.

« Les conversations sont toujours superficielles, on ne sait rien de ses émotions. On se rend compte après des années d’amitié voire de vie commune que l’on ne le connaît pas vraiment. »
Ce n’est pas évident à vivre, mais il faut être patient et faire preuve de douceur.
Gardez à l’esprit que cette manière de se comporter a été à un moment donné, surtout dans l’enfance mais peut-être aussi à l’âge adulte, la meilleure façon pour cette personne de se protéger.
Une personne évitante est émotive, mais elle se cache derrière une carapace.
Elle peut même avoir l’air froide, distante, hautaine. En réalité, elle a peur, mais ne sait pas l’exprimer.
Cela signifie être présent, prendre de ses nouvelles et s’accrocher même si elle répond invariablement « ça va », mais aussi la challenger, lui faire remarquer sans agressivité ce que son comportement induit pour les autres…

Parce que la personnalité est une construction sociale, elle n’est pas figée.
Si la personne se retrouve dans un milieu où elle peut oser dire ses sentiments et ses émotions sans être jugée, une personne évitante peut se sécuriser et petit à petit s’ouvrir à l’autre.
L’enjeu est de taille.

Si l’on n’arrive pas à se mettre en lien avec soi, on a du mal à aller vers les autres, et si l’on est coupé des autres, il est difficile de se connaître. Réussir à se reconnecter à ses émotions et à renouer des liens avec les autres est alors un tremplin pour s’épanouir.

Comment changer soi-même ?

Il sera indispensable de passer par une thérapie.
Les premières étapes, pour sortir de ces cercles vicieux, consiste à comprendre comment ces cercles se sont construits et comment ils s’alimentent encore.
Ensuite vient le temps de la réparation : retour fait de bienveillance et de compassion vers les parties blessées et meurtries.
Un travail parfois long mais aussi source d’ouverture de cœur et de dépassement de soi, permettant enfin de s’aimer soi-même.
Le travail de connaissance de soi que vous ferez est précieux pour rendre consciente vos zones aveugles et être moins téléguidé et piégé par celles-ci.


Auteur : Karine BIAVA (2022)
Psychothérapie et Art-thérapie à Peymeinade 06 530


Si vous sentez que vous avez besoin d’aide car vous êtes toujours distant, vous n'arrivez pas à lier des relations amicales ou amoureuses et que vous ne savez pas être comme les autres, vous pouvez entreprendre des séances de thérapie pour solutionner durablement votre situation.
N'hésitez pas à prendre rendez-vous.

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