Je ne RESSENS RIEN, je n'IMAGINE RIEN, déconnecté(e) ...

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Je ne RESSENS RIEN, je n'IMAGINE RIEN, déconnecté(e) ...

Date de publication : 01/05/2023

Vous êtes "anesthésié(e)" ? Vous êtes tellement "froid(e)" que vous avez compris que c'est vous qui avez un problème. Vous vous sentez mal, sans savoir si vous êtes en colère, triste ou frustré(e) ? Vous avez des difficultés à vous exprimer, à identifier et à exprimer vos émotions ?
Vous ne comprenez pas plus les émotions des autres ? Vos relations amoureuses et amicales sont bancales car vous avez de réelles difficultés à vous mettre à la place des autres, puisque vous ne parvenez pas à déduire leurs sentiments ?
Ou peut-être encore pire ...
Le film de votre vie se déroule à côté de vous ? Vous êtes dans un film et en même temps détaché de ce que vous faites. Vous êtes comme dans un rêve ou un brouillard ? C'est comme si un mur de verre ou un voile vous séparait de votre environnement ?

Nous avons déjà abordé quelques mécanismes mis en place vis à vis de l'extérieur (voir l'article). Vous avez mis une distance aux autres. Mais vous savez quand même qui vous êtes. MAIS si vous êtes "étranger" à vous-même vous êtes allé encore plus loin dans la protection.

Dans cet article nous allons aborder tous ces phénomènes que l'on pourrait assimiler à un engourdissement émotionnel ou un blocage émotionnel GÉNÉRAL.
Bloquer ses émotions fait partie d’un processus.

Il est question non plus d’UN blocage émotionnel sur un seul type d’événement mais un BLOCAGE de TOUTES LES ÉMOTIONS.
On parle, en fonction du degré de sévérité ou du caractère plus ou moins permanent d'alexithymie, de dissociation ou de troubles dissociatifs.

→ Attention: il est nécessaire de parler à un professionnel pour qualifier vos difficultés car une absence transitoire d’émotions (notamment colère, joie, ...) peut être diagnostiquée plutôt comme un état dépressif qu'un problème de dissociation. Le traitement va donc dépendre du "diagnostic".
Nous n'aborderons pas dans cet article tout ce qui peut engendrer une absence transitoire d'émotions.

Qu'est-ce que le refoulement émotionnel ou blocage émotionnel GÉNÉRAL ?

A ce jour, beaucoup de personnes restent encore bloquées dans des fonctionnements, plus ou moins conscients, de refoulement des émotions et des ressentis corporels.

Pour se détacher de notre monde intérieur, être en mode automatique, de type métro-boulot-dodo, fonctionne bien… En tout cas, jusqu’à un certain moment.
Car le corps finit tôt ou tard par réclamer son dû, c’est-à-dire la reconnaissance du poids émotionnel refoulé.


Vous êtes dans un blocage émotionnel général quand vous vivez beaucoup de moments où vous ne ressentez plus aucune sensation, aucune émotion, qu’elle soit négative ou positive.
Le refoulement émotionnel correspond à toutes ces fois où vous vous trouvez, durant quelques heures voir quelques jours, avec cette sensation de vide, d’être presque en dehors de vous et de votre vie. SANS pour autant ressentir d’émotions de tristesse ou de désespoir (qui pourraient alors indiquer une dépression), vous avez juste la sensation de ne pas réellement être présent.

Avant d'évoquer des mécanismes ou des troubles spécifiques, juste un petit rappel sur l'attachement évitant.

Ce « mode automatique » est devenu assez courant aujourd’hui.
Il s’agit d’une stratégie, au départ inconsciente, pour faire face à un environnement insécurisant, en général dès l’enfance.

Le style d’attachement évitant (ou « détaché ») est une protection efficace pour diminuer la souffrance intérieure.
Il se développe le plus souvent en réaction à un climat familial où règnent la froideur, le chaos ou l'expression démesurée des affects. La seule protection possible est alors d'opter soi-même pour la non-expression des affects.

La mise à distance des émotions se transforme dans un second temps en évitement relationnel, car les liens intimes et engagés sont susceptibles de générer des affects trop éprouvants à « gérer » pour un évitant.

Ainsi, nombreux sont les évitants qui investissent beaucoup de leur temps et de leur énergie dans des activités permettant de rester éloignés des relations affectives : le travail, les loisirs tels que le sport et les activités associatives, ou encore les tâches ménagères ou familiales, le tout en mode pilotage automatique plus ou moins prononcé selon le degré d’évitement.

Seulement, le refoulement émotionnel est au final préjudiciable pour la santé et l'équilibre. Les émotions finissent par l’emporter sur le contrôle mental. Des symptômes apparaissent tôt au tard : d’ordre psychique (angoisses, crises de colère, culpabilité, dépression…) et/ou d’ordre physique (la « mal-a-dit »).

Le sentiment de vide intérieur est également une conséquence presque inévitable du refoulement émotionnel.

À force de cloisonner, de bétonner son intérieur, on se déconnecte de soi et le VIDE s’installe.
Peu de personnes parviennent à supporter ce sentiment, car c’est comme « une petite mort intérieure ».
Alors à l'extrême peuvent se mettre en place des comportements pour se sentir exister malgré ce vide – scarifications, conduites sexuelles à risque, violence, mises en danger, actes de délinquance… –, mais aussi une dépendance aux relations toxiques.
Tous ces passages à l’acte ont pour objectif (inconscient) de ramener transitoirement de la vie chez une personne qui, la plupart du temps, ne se sent pas exister.

Passons maintenant à des mécanismes spécifiques.

Qu'est-ce que l'alexithymie ?

Quand certaines personnes évoquent un épisode de leur vie chargé d’émotions, une rencontre amoureuse ou un conflit familial, elles décrivent en détail leurs sensations physiques, mais ne trouvent pas les mots pour décrire leur ressenti.
Un tel trouble est nommé alexithymie.

L'alexithymie, c’est l’incapacité d’identifier ses propres émotions.

Pourtant, si l’on mesure vos paramètres physiologiques, vos battements cardiaques ou la présence de sueur à la surface de votre peau, on constate que des émotions sont bien présentes, puisqu’elles déclenchent des manifestations physiologiques.
Tout se passe comme si vous ne pouviez en prendre conscience ni les exprimer.
Vous avez du mal à exprimer vos émotions car vous avez une capacité réduite, ou parfois une incapacité totale, à être connecté aux signaux émotionnels internes que votre corps vous envoie.
Vous avez bien des sensations corporelles mais vous êtes coupé de leur signification.
En fait, vous ne recevez pas le "message" de vos émotions.
Vous avez néanmoins un fonctionnement mental (« dans la tête »), ayant besoin de comprendre pour vous rassurer mais vous décrivez les choses "sans émotion".

On évalue à 15% la population présentant une alexithymie.
Ceux sont des personnes, surtout, qui paraissent désemparées dès qu’il s’agit de confier leurs émotions. Ces patients disposent de très faibles capacités d’introspection sur leurs propres états affectifs, ce qui rend superficiels les échanges avec eux.

On s’interroge sur les causes de ce trouble, dont les conséquences sont parfois très handicapantes.

L'alexithymie peut survenir à deux niveaux - en tant que trait principal et en tant qu'état secondaire.

► L'alexithymie primaire implique que l'individu est né avec une anomalie génétique qui entrave la capacité de ressentir et d'exprimer des émotions et de faire preuve d'empathie.
Dans cet article, nous allons uniquement parler de l'alexithymie secondaire.

► L’alexithymie secondaire correspondrait à « un mécanisme homéostatique permettant une fonction d’adaptation face à une situation d’adversité ». Autrement dit, l’alexithymie serait assimilable à un mécanisme de défense, protégeant le sujet contre le perçu et le vécu émotionnel dans des situations de vulnérabilité, et aurait son origine dans des troubles du développement psychologique et cognitif.

L'alexithymie serait un mécanisme d’adaptation face à des situations de vie stressantes.


Pour ceux ou celles qui veulent avoir plus de détails, le paragraphe ci-dessous vous concerne.
"L’alexithymie est un défaut de « mentalisation » des émotions : les sensations corporelles sont peu ou pas associées à des états mentaux. Il faut vraisemblablement en chercher les causes dans la prime enfance. Le jeune enfant, n’ayant pas encore d’états mentaux hiérarchisés et associés à des concepts ou à des mots, aborde le monde des émotions par le biais de son corps. S’il a faim, il sent une douleur à l’estomac ; s’il a peur de perdre sa mère, il sent sa gorge se nouer, des larmes lui monter aux yeux. Plus tard, des sentiments d’envie ou de colère se manifestent également par des sensations corporelles. Puis l’âge vient, où il lui faut ordonner ces perceptions organiques en un tout cohérent, apprendre que les autres personnes éprouvent des choses semblables, et trouver un code commun pour les identifier chez soi et chez autrui, afin de devenir un être social et réfléchi.
Les échanges entre la mère et l’enfant sont probablement déterminants pour la création d’une bonne « banque d’émotions » chez l’enfant, c’est-à-dire d’un vaste répertoire de sensations associées à des mots ou à des pensées. Si les parents, pour une raison quelconque, telle une dépression, une personnalité fragile, une instabilité émotionnelle, ou même une alexithymie, ne donnent pas assez d’indices verbaux à l’enfant au fil des émotions qu’il éprouve, ce dernier peut être confronté à un manque de mots, qui reflète une carence de sentiments identifiés. Plus tard, il est probable qu’il se réfèrera systématiquement à ses sensations corporelles, sans pouvoir faire accéder la sensation au plan des états mentaux, du cortex, du langage. "

extrait de la revue "Cerveau et Psycho" n°6 (2004)

Comment reconnaitre l'alexithymie ?

Il y a 4 grands critères :
- une incapacité à identifier et à exprimer verbalement ses émotions et ses sentiments
- une difficulté à distinguer les émotions des sensations corporelles
- une pensée à contenu pragmatique avec un mode d'expression descriptif abordant plus volontiers le vécu externe plutôt que le vécu interne sans véritable élaboration
- une limite des capacités imaginaires.

Une personne alexithymique est caractérisée par une certaine incapacité à :

  • identifier ses émotions (tant agréables – joie, enthousiasme, gratitude, amour.. que désagréables – colère, tristesse, peur, déception…)
  • mettre en mots ses émotions
  • distinguer ses émotions de ses sensations corporelles
  • avoir une vie imaginaire
  • identifier les émotions des autres et donc à faire preuve d’empathie
  • nouer des relations intimes et profondes (distance affective)
  • vivre la vie (il semble traverser la vie plutôt que l’incarner et la vivre)

Les personnes souffrant d'alexithymie ont souvent aussi d’autres traits très caractéristiques :

• une image de soi et des autres très conventionnelles avec des jugements en terme de popularité, de pression sociale, de ce qui est bien ou mal
• une gestion de l’anxiété et des conflits par le déni dans une tendance répressive (négation des émotions et des problèmes) et dissociative (anesthésie émotionnelle)
• un hypercontrôle des besoins et des envies dont la satisfaction est reportée sans raison
• une fierté à se montrer objectif et rationnel
• un sentiment d’absence de sens à la vie
• des types de défense immature
• une distance physique avec les autres (peu de toucher et de proximité physique)
privilégier les aspects pragmatiques des situations (préférer l’action à l’introspection)

Quelles sont les conséquences de l'alexithymie ?

L’alexithymie n’est pas sans conséquence sur la vie sociale.
Les personnes en souffrant ont moins de contact et présentent davantage un sentiment de solitude » que les autres.
Les personnes alexithymiques réagiront également plus fortement face au stress.
Les relations de couple peuvent aussi beaucoup pâtir de ce manque de communication. Cela peut créer des tensions car la personne se livre moins et ne porte pas beaucoup d’intérêt aux émotions de son ou sa conjoint(e).

L’alexithymie a également des conséquences physiques.
Les personnes plus sujettes à ce trouble de la régulation émotionnelle ont généralement des maladies psychosomatiques (somatiques et mentales). Elles peuvent être atteintes du syndrome du côlon irritable, d’anxiété, de dépression, de troubles alimentaires, d’autisme, de fibromyalgie ou d’addictions.
L’alexithymie apparaît donc aussi chez des patients atteints de troubles tels que l’alcoolisme, la toxicomanie, l’état de stress post-traumatique ou encore la boulimie. Ils essaient de trouver dans ces substances extérieures le moyen de calmer leur état émotionnel.

Comment résoudre ce trouble de la régulation émotionnelle ?

Comme l'absorption des émotions des autres, souffrir de trouble de la régulation émotionnelle peut s’avérer être un vrai handicap dans la vie courante. Ne pas savoir exprimer ses états d’âme peut impacter les relations avec l’entourage et isoler la personne.

L’objectif de la psychothérapie est de mettre fin au silence émotionnel du patient en lui enseignant à analyser ses symptômes physiques afin de les associer à des mots et des émotions négatives et positives.
Faire une thérapie efficace pour traiter ce trouble permettra d’améliorer la vie des personnes alexithymiques.

L'alexithymie primaire ou secondaire apparait très tôt. Dès l'enfance ou l'adolescence elle est observable.
En revanche, la dissociation peut apparaitre à tout moment dans un parcours de vie.

Qu’est-ce que la dissociation ?

La dissociation s’origine dans notre biologie.
Parfaite mécanique face au stress notamment, l’adaptation que constitue la dissociation peut devenir une source d’enfermement quand elle est trop fréquente.
Toutefois, la définition de la notion de dissociation ne bénéficie pas de consensus, elle s'en voit ainsi attribuer plusieurs. Je n'en présente que quelques unes.

Lorsque la vie est avant tout une épreuve de survie, nous sommes dotés d’un système interne très fonctionnel et salvateur : la dissociation. En général, la dissociation est un phénomène qui se produit lors de situations dangereuses (ou perçues comme telles), menaçant potentiellement votre vie et face auxquelles vous êtes impuissant, incapable de vous en extraire. Ainsi votre corps se met en mode off pour vous éviter de graves dégâts psychologiques ou physiques et ainsi optimiser votre survie.


Toutefois, TOUT LE MONDE peut parfois connaître une défaillance de l'intégration normale et automatique des souvenirs, des perceptions, de l'identité et de la conscience (signes d’une dissociation).
Il a des moments de dissociation « anodins ».
Par exemple, certaines personnes peuvent se rendre quelque part en voiture, puis s'apercevoir qu'elles ne se rappellent plus les détails du voyage qu'elles viennent de faire en raison d'une préoccupation personnelle, d'une émission de radio ou d'une conversation avec le passager.
Une telle défaillance, considérée comme une dissociation non pathologique, ne bouleverse généralement pas les activités quotidiennes.

EN REVANCHE, un patient qui présente une dissociation très fréquente voire chronique (allant jusqu’à des troubles dissociatifs) peut oublier totalement une série d'activités usuelles ayant duré de quelques minutes, heures, jours, semaines et peut avoir le sentiment d'avoir oublié une période de sa journée.

Fondée sur des mécanismes neurobiologiques bien identifiés aujourd’hui, la DISSOCIATION consiste en une suite de réactions corporelles, qui se déclenche automatiquement pour nous protéger physiquement et psychiquement lorsque nous sommes confrontés à une situation traumatogène sur laquelle nous ne pouvons pas agir : accident, agression, négligence émotionnelle, deuil, catastrophe naturelle, abus, etc.
La dissociation est générée par un afflux des neurotransmetteurs dissociatifs, que sont la kétamine-like et la morphine-like, qui gèlent nos émotions et nos sensations.
Cette décharge agit comme le fix d’un junkie qui instantanément nous coupe de la situation extérieure.

A quoi sert la dissociation ?

Lorsque ni la fuite ni le combat ne sont possibles, par exemple si nous sommes physiquement plus faibles que l’agresseur ou si nos capacités psychiques sont dépassées, la réaction la plus favorable à notre survie est de se couper au niveau émotionnel et sensoriel de ce qu’il se passe pour en réduire l’impact.

Ce phénomène dissociatif entraîne également un gel de la pensée et de l’action.
Pendant un épisode de dissociation, nous ne pouvons ni penser ni agir.
Les expressions populaires « d’être sous le choc » ou « d’avoir buggé » sont représentatives de ces moments où, pendant et suite à l’événement – que ce soit un accident, une nouvelle dramatique ou un abus –, nous n’étions plus capables ni de formuler une pensée ni d’initier une action.

Ainsi, la plupart des personnes agressées sexuellement rapportent avoir eu la sensation d’avoir comme soudainement « quitté » leur corps et d’avoir cessé pendant quelques minutes ou heures de ressentir la douleur.


Les mots « anesthésie », « figement » ou « immobilisation » évoquent cette réalité qui peut être vécue comme très étrange.
Loin d’être pathologique, c’est au contraire une réaction saine de notre organisme pour survivre à un épisode qui, s’il était vécu pleinement, sans être dissocié, pourrait à l’inverse nous conduire à la folie ou à la mort.

L’objectif principal est de réduire la suractivation cardiovasculaire qui pourrait nous mettre en danger vital.
Concrètement, sans la dissociation, nous pourrions littéralement MOURIR DE PEUR (ou de tristesse ou de colère).

Quand est-ce que la dissociation devient un trouble ?

Lorsqu’il s’agit d'évènements traumatiques répétitifs, dans le cas de maltraitance durable par exemple, l’individu est dissocié de manière chronique.

En cas de traumatisme complexe et récurrent, à force de subir des traumatismes, l’insécurité règne.
Le cerveau n’est tout simplement pas disponible pour cela, car l’inquiétude domine et la survie devient prioritaire. Le cerveau reçoit régulièrement de la kétamine et de la morphine (voir paragraphes ci-dessus). Cela lui permet de survivre, mais, très souvent, cela le plonge peu à peu dans l’impuissance acquise.

L’impuissance acquise s’ancre en particulier par le ralentissement des pensées, qui est caractéristique de la dissociation chronique et que toutes les personnes ayant subi un passé traumatique rapportent.

Parmi les personnes décrivant un sentiment récurrent de vide, d’angoisse et/ou de dépression dans leur vie, nombreuses sont celles qui rapportent avoir du mal en général à organiser leurs pensées, et en particulier lorsqu’elles sont face à des choix ou des décisions à prendre.
« J’ai l’impression que ma tête est vide, comme si mon cerveau était débranché… ou alors ça tourne en boucle, je rumine sans fin, mes idées n’aboutissent pas et ça m’épuise » .

Je ne parlerai pas des troubles dissociatifs avec des conséquences graves qui, de ce fait, seraient pathologiques et relèveraient d’un diagnostic et d’une prise en charge faits par un psychiatre. Dans les troubles dissociatifs, l'intégration normale de la conscience, de la mémoire, des perceptions, de l'identité, de l'émotion, de la représentation du corps, du contrôle moteur et du comportement est perturbée et la continuité du Moi est perdue.

Pourquoi la dissociation continue à se produire en dehors de tout danger ?

Il est possible d’expérimenter des moments de flottement, d’engourdissement en dehors de tout danger réel.
Plusieurs phénomènes peuvent contribuer à ce passage automatique en mode « défense-protection ».

Déclencheurs externes

Si vous avez vécu des évènements potentiellement traumatiques dans votre passé, votre corps, et plus particulièrement votre cerveau, en garde des traces.
Sans que vous en ayez conscience, il a encodé l’ensemble des éléments présents au niveau contextuel lors de ces événements.
De ce fait, sans même en avoir conscience, un élément présent dans l’environnement peut déclencher le mode défense en vous. Même si ce que vous rencontrez n’est pas menaçant en l’état, votre cerveau fait en quelque sorte une erreur d’interprétation, du fait qu’il a précédemment encodé cet élément comme potentiellement dangereux lors d’une expérience passée.

Déclencheurs internes

Ce phénomène de « déclencheurs » peut également être "diffusé" par votre état interne et ceci totalement en dehors de votre champ de conscience. Le déclencheur n’est donc plus extérieur mais intérieur et peut s’enclencher suite à une activité physiologique ou d’une sensation identique à celle vécue lors d’une précédente expérience traumatique.

Dysrégulation du système nerveux

Si vous vivez toujours dans un état d’angoisse (ou si vous avez une santé amoindrie par une maladie), et n’identifiez aucun élément potentiellement déclencheur de ce mécanisme d’engourdissement, il se peut que celui-ci soit tout simplement la conséquence de la dysrégulation de votre système nerveux.
Celui-ci n’arrive tout simplement plus à assurer une auto-régulation efficace et cohérente avec ce que vous vivez suite aux difficultés physiologiques que votre corps expérimente pour retrouver et maintenir son équilibre.

Pour résumer, vivre de tels moments n’est pas grave en soi. Il est néanmoins fondamental que l’évaluation soit faite par un thérapeute ou un médecin.

C’est la manifestation d’un mécanisme censé vous protéger qui s’active de manière totalement inappropriée. Pour autant, même si cela n’est pas grave physiologiquement parlant, cela peut avoir des conséquences au niveau psychologique et même à terme physiologique.

En effet un des réflexes, dans ce type de situation, peut être d’essayer de consciemment reprendre la main sur la situation, de nier ce type de ressenti voir de lutter contre.
Pour certains, cela peut même donner lieu à une recherche frénétique de sources de plaisir pour retrouver la sensation d’être vivant.
Cela peut se manifester par des compulsions alimentaires, une addiction au jeu ou sexuel. Pour d’autres, cela peut donner lieu à des phénomènes dangereux comme des actes d’automutilation pour sortir de cette sensation d’engourdissement et ressentir de nouveau.
Dans ce cas, l’objectif de la personne n’est pas de se faire du mal mais bien de réaccéder à ses sensations, de se sentir de nouveau vivant.

Comment voir que l’on a des symptômes de dissociation ?

Dans la dissociation, il a des symptômes d’amnésie dissociative (perte du souvenir d'informations personnelles importantes) et des symptômes de dépersonnalisation / de déréalisation sont généralement épisodiques et augmentent et décroissent en intensité.

Ces épisodes peuvent durer seulement quelques heures à quelques jours ou des semaines, des mois ou parfois des années. Plus cela dure et plus cela est fréquent, plus la dissociation devient un trouble.
Chez certains patients les symptômes sont constamment présents et ont la même intensité pendant des années, voire des décennies.
Détaillons un peu les symptômes.

► Les symptômes d’amnésie sont fréquents dans la dissociation chronique.
Ainsi, ne plus se souvenir d’une partie (voire de la totalité dans les cas extrêmes) de son enfance est le signe que notre cerveau n’a pas pu intégrer les événements de manière habituelle en raison d’un climat de stress trop important.
Souvent, cela se prolonge à l’âge adulte, c’est-à-dire que la personne a du mal à retenir des informations – par exemple, elle cherche ses mots et est plus en difficulté pour s’exprimer, surtout sur des sujets émotionnels ou en public. Tout cela contribue aussi à l’impuissance acquise.

► Les symptômes de dépersonnalisation correspondent au fait de se sentir détaché de son corps, de son esprit, de ses sentiments et/ou de ses sensations.
Les patients se ressentent comme un observateur extérieur de leur propre vie.
De nombreux patients disent également qu'ils ont un sentiment d'irréalité (déréalisation) ou d'être un robot (ne pas avoir de contrôle sur ce qu'ils font ou disent).
Ils peuvent se sentir émotionnellement et physiquement engourdis ou se sentir détachés, avec peu d'émotion.
Certains patients ne peuvent pas reconnaître ou décrire leurs émotions (alexithymie). Ils se sentent souvent déconnectés de leurs souvenirs et sont incapables de se rappeler clairement des choses.

► Les symptômes de déréalisation correspondent au fait d’avoir une impression d'être détachés de votre environnement (p. ex., des gens, des objets, tout), qui semble irréel.
Les patients peuvent se sentir comme dans un rêve ou un brouillard ou comme si un mur de verre ou un voile les séparait de leur environnement. Le monde semble sans vie, incolore ou artificiel. Une distorsion subjective du monde est fréquente.
Par exemple, les objets peuvent apparaître flous ou inhabituellement clairs; ils peuvent sembler plats ou plus petits ou plus grands que ce qu'ils sont. Les sons peuvent sembler plus ou moins forts que ce qu'ils sont; le temps peut sembler passer trop lentement ou trop rapidement.
Les symptômes sont presque toujours pénibles et, dans les cas graves, particulièrement intolérables.
L'anxiété et la dépression sont fréquentes.
Certains patients craignent de présenter des lésions cérébrales irréversibles ou de devenir fous.
D'autres sont obsédés par le fait de savoir si ces lésions existent vraiment ou vérifient constamment si leurs perceptions sont réelles. Cependant, le patient sait toujours que son vécu «d'irréalité» n'est pas réel mais représente ce qu'il ressent (c'est-à-dire, qu'ils ont des tests de réalité intacts).

Comment dépasser petit à petit la dissociation ?

Il est indispensable d’avoir un diagnostic par un psychiatre. Un certain nombre de psychothérapeutes pourront vous donner également des indications.
Pour la partie thérapeutique, il est également fondamental de consulter un thérapeute formé.
De l’extérieur, les gens peuvent penser que ne pas réussir à sortir de cet état est lié à un manque de volonté.
Cependant, au regard de la réalité biologique et physiologique de ce phénomène, mobiliser sa volonté pour sortir de cet état est utopique.

User d’efforts conscients pour stopper un mécanisme qui, physiologiquement, échappe à votre contrôle est totalement inutile. Ce serait comme penser que vous avez le pouvoir de stopper une douleur sur commande par la seule force de votre pensée. Lorsque vous touchez à des mécanismes physiologiques recrutant les plus anciens circuits de votre cerveau, comme c’est le cas dans la dissociation et l’engourdissement émotionnel, les parties conscientes de votre cerveau (dont la volonté) ne peuvent vous aider à aller mieux.

En effet, comme évoqué précédemment, votre cerveau passe en mode défense pour vous protéger. Ce mécanisme, extrêmement rapide, prévaut sur toutes les fonctions supérieures de votre cerveau « rationnel ». Ressentant une menace, votre « vieux cerveau » optimise tout votre fonctionnement cérébral et biologique pour tendre à votre survie. Pour faire cela, il met momentanément en sommeil les connexions entre votre cerveau limbique et vos lobes frontaux.

Dès que vous n’arrivez pas à contrôler votre anxiété ou vous pensez souffrir de dissociation il est indispensable de vous faire accompagner.

Auteur : Karine BIAVA (2022)
Psychothérapie et Art-thérapie à Peymeinade 06 530


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