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Date de publication : 20/09/2025
Vous avez peut-être déjà testé une application de "thérapie par IA". Sur le papier, les promesses sont séduisantes : conseils instantanés, exercices personnalisés, disponibilité 24/7, confidentialité totale. Et effectivement, l'intelligence artificielle peut vous donner des pistes utiles, des techniques validées, des exercices de gestion émotionnelle.
Mais voilà la question qui fâche : est-ce que l'IA marche vraiment pour trouver des solutions à vos problématiques psychologiques quand vous êtes au fond du gouffre ?
Ce qui suit n'est pas une théorie. Ce sont 7 situations réelles où des personnes ont d'abord cherché de l'aide auprès d'une IA, avant de réaliser que quelque chose d'essentiel manquait. Chaque cas révèle avec une clarté troublante où se situe la frontière entre un outil technologique et un accompagnement humain vivant.
Ces histoires montrent que l'IA peut vous donner la bonne recette... mais elle ne peut pas sentir que vous êtes en train de vous noyer en suivant ses instructions.
Elle peut détecter des patterns... mais elle ne peut pas percevoir la honte qui vous paralyse.
Elle peut suggérer des solutions... mais elle ne peut pas rester avec vous quand tout s'effondre.
Pour comprendre ce que l'intelligence artificielle ne peut véritablement pas faire, rien de mieux que de plonger dans des situations réelles.
Ces cas illustrent pourquoi les outils donnés par une machine peuvent sembler pertinents sur le papier, mais ne transforment jamais vos blocages profonds.
Cas 1 – Quand l'IA donne un plan pratique en psychologie mais passe à côté de l'essentiel
La situation
Un homme de 38 ans écrit à une IA :
"Je n'arrive pas à prendre la parole en réunion. Je suis paralysé, j'ai peur du regard des autres, je transpire, je perds mes moyens. J'ai besoin d'exercices pour être plus à l'aise et arrêter de perdre des opportunités professionnelles."
La réponse de l'IA
Elle propose un plan technique :
♥ Exercice de respiration 5-4-3-2-1 avant la réunion
♥ Préparer 3 phrases clés en avance
♥ S'entraîner devant un miroir 10 minutes par jour
Le problème caché que l'IA manque
Ce patient ne dit pas que son père l'humiliait systématiquement devant la famille quand il était enfant, et qu'il porte depuis une blessure profonde de honte et de rejet. L'IA, qui se concentre sur le problème "factuel" (prise de parole), passe complètement à côté du trauma relationnel sous-jacent.
Un thérapeute humain, en entendant la détresse dans la voix, en percevant la crispation corporelle, ou en posant simplement la question "Qu'est-ce qui se passe exactement pour vous quand vous sentez ce regard sur vous ?", aurait pu toucher la mémoire de ces humiliations et travailler sur la honte enfouie.
Limites révélées : Aucune capacité à contenir une émotion intense, absence de travail relationnel – la blessure de rejet reste intacte.
Cas 2 – Quand le patient répond à côté et l'IA part sur une fausse piste
La situation
Une femme de 29 ans écrit :
"Je bloque à chaque fois que mon compagnon me prend dans ses bras. Je me raidis, je n'arrive pas à profiter, ça le frustre beaucoup. J'aimerais que ça s'arrête."
L'IA demande : "Est-ce que vous avez déjà connu cela avec d'autres partenaires ?"
La patiente répond à côté : "Oui, parfois… mais c'est juste que je suis fatiguée ou que je pense à autre chose."
La réponse de l'IA
Elle interprète littéralement et propose :
♠ Des exercices de pleine conscience pour se recentrer sur le moment présent
♠ Des routines pour se détendre physiquement (yoga, auto-massage)
Le problème caché que l'IA manque
La patiente occulte volontairement qu'enfant, elle a été rejetée physiquement par sa mère chaque fois qu'elle cherchait de la tendresse. Elle évite d'en parler car la honte est immense. Son problème est en réalité une blessure d'attachement évitant : recevoir de l'amour la confronte à un risque de rejet qu'elle ne peut tolérer.
Un thérapeute humain, percevant le malaise (détournement du regard, sourire crispé, voix plus aiguë en répondant "je suis juste fatiguée"), aurait pu dire :
"Je sens que ce n'est peut-être pas que de la fatigue… Qu'est-ce que vous ressentez exactement dans votre corps à ce moment-là ?"
Et amener progressivement vers l'histoire du rejet maternel.
L'IA croit sur parole et se trompe complètement de piste thérapeutique. Elle ne perçoit pas le décalage entre les mots et l'émotion réelle.
Cas 3 – Quand il manque le feedback et que le suivi dérape, où est l'IA
La situation
Un homme de 46 ans, perfectionniste, dit :
"Je me sens toujours inutile, même si je travaille sans arrêt. J'aimerais apprendre à me valoriser."
La réponse de l'IA
Elle propose :
♣ Tenir un carnet de gratitude personnelle : écrire chaque soir 3 choses réussies
♣ Se répéter des affirmations positives le matin
Le patient commence l'exercice. Mais il n'ose pas revenir dire à l'IA que cet exercice l'écrase encore plus : chaque soir, il constate qu'il n'arrive pas à trouver 3 réussites, ce qui le plonge dans un sentiment d'échec et de honte encore plus profond.
Le problème caché que l'IA manque
Le patient porte une blessure de non-reconnaissance : enfant, il n'était jamais validé, quoi qu'il fasse. L'exercice proposé (se donner soi-même de la reconnaissance) réactive la blessure, car il n'a aucune expérience intérieure d'être reconnu par un autre.
Un thérapeute humain aurait rapidement repéré la dégradation (visage plus fatigué, ton plus dur, découragement croissant en séance) et ajusté immédiatement : au lieu du carnet, commencer par donner lui-même une reconnaissance en séance, pour que le patient expérimente une reconnaissance incarnée avant de pouvoir se l'offrir seul.
Absence de suivi longitudinal réel : l'IA ne voit pas les effets destructeurs dans le temps. Impossibilité de co-régulation émotionnelle.
Cas 4 – Quand la rage et la honte débordent sans contenance
La situation
Un homme de 32 ans écrit :
"Je suis explosif avec ma compagne. Je crie, je casse des objets, puis je m'effondre en me sentant minable. Je veux arrêter."
La réponse de l'IA
Elle fournit des techniques de gestion :
- Compter jusqu'à 10 avant de parler
- Sortir marcher 5 minutes quand la colère monte
- Tenir un journal des déclencheurs
Le problème caché que l'IA manque
Le patient a un attachement désorganisé : son père le battait, puis venait s'excuser en lui disant qu'il l'aimait. Sa rage est une terreur d'abandon déguisée. Quand il "explose" puis s'effondre, il rejoue exactement cette dynamique traumatique.
En séance avec un thérapeute humain, celui-ci verrait les yeux rougis, la respiration haletante, la honte qui affleure après l'explosion → et il contiendrait l'émotion ("Je reste avec vous, même avec votre colère"), pour donner une expérience correctrice de lien sécurisant que ce patient n'a jamais connue.
INCAPACITÉ TOTALE à contenir une émotion intense en direct. Absence de travail sur la répétition des schémas relationnels traumatiques.
Cas 5 – Quand les blessures (abandon, rejet, humiliation, injustice, trahison, non reconnaissance) restent invisibles avec l'IA
La situation
Une femme de 41 ans dit :
"Je n'arrive jamais à dire non. Au travail, je prends tout sur moi, je suis épuisée."
La réponse de l'IA
Elle propose :
♥ Exercices d'assertivité pas à pas
♥ Scénarios types pour apprendre à dire non
Le problème caché que l'IA manque
La patiente porte une blessure d'injustice profonde : enfant, ses efforts n'étaient jamais récompensés, jamais assez. Chaque "non" lui fait ressentir une culpabilité immense, car elle croit devoir compenser en permanence pour être digne d'exister.
Un thérapeute humain sentirait, dans la crispation des épaules et les larmes à peine contenues, que le problème n'est pas "savoir dire non techniquement", mais oser exister sans justification permanente.
L'IA ne perçoit pas le poids émotionnel caché derrière le récit factuel. Elle ne peut pas entrer dans la honte silencieuse qui bloque réellement le changement.
Cas 6 – Travail systémique et conflit de couple à haute intensité
La situation
Un couple consulte via une IA :
"On se dispute tout le temps pour des broutilles. Hier, c'était pour la vaisselle. Avant-hier, pour qui doit coucher les enfants. On n'en peut plus."
La réponse de l'IA
Elle répond :
♠ Proposer un tableau de répartition des tâches ménagères
♠ Instaurer un "temps calme" de 20 minutes avant chaque discussion
♠ Utiliser la communication non violente (exprimer besoins, sentiments, demandes)
Le problème caché que l'IA manque
En réalité, la dispute n'est jamais vraiment sur la vaisselle. Le mari se sent invisible dans la relation : il répète un schéma d'enfance où il n'était jamais reconnu. La femme, elle, vit chaque critique comme une blessure d'injustice car elle a grandi avec un père autoritaire qui lui disait toujours qu'elle en faisait trop ou pas assez.
Le conflit apparent est donc un conflit systémique : chaque micro-tâche devient le théâtre de blessures anciennes non résolues. La colère est alimentée par ces dynamiques identitaires invisibles.
Un thérapeute humain perçoit :
♣ La crispation corporelle quand la femme dit "toujours moi"
♣ La voix qui se brise quand le mari dit "je n'existe pas"
♣ La montée de tension quand les regards s'évitent
Et il peut ralentir la spirale, contenir l'explosion avant qu'elle ne se produise, ramener la discussion sur le sens caché des reproches.
Limites révélées : Incapacité totale à contenir deux émotions fortes simultanées. Absence de lecture systémique. Impossibilité de co-présence émotionnelle.
Cas 7 – Quand l'IA ne persévère pas, et que le problème stagne
La situation
Une femme de 35 ans écrit :
"Le soir, je me jette sur le chocolat. Je sais que ça me fait du mal, mais je n'arrive pas à arrêter. Auriez-vous des exercices pour contrôler ça ?"
La réponse de l'IA
Elle reçoit :
- Remplacer le chocolat par une tisane ou un fruit.
- Tenir un journal alimentaire.
- Faire 10 minutes de respiration avant d'ouvrir le placard.
La patiente essaie… deux jours. Puis elle abandonne, honteuse de ne pas y arriver. Elle n'ose pas réécrire à l'IA : "ça n'a pas marché", parce qu'elle s'attend à avoir les mêmes conseils répétés ou d'autres astuces "pratico-pratiques" qui ne l'aident pas.
Le problème caché que l'IA manque
La compulsion alimentaire n'est pas qu'une mauvaise habitude. Ici, c'est un apaisement émotionnel : chaque crise survient après une journée où elle s'est sentie jugée et non reconnue. Le chocolat devient son refuge contre une blessure de non-reconnaissance.
Un thérapeute humain ne se serait pas arrêté aux "solutions pratiques" : il aurait relancé, persévéré, cherché le sens.
Il aurait remarqué la tristesse dans ses yeux en parlant de ses journées, le ton plus bas quand elle évoque ses collègues, et il aurait dit :
"Ce n'est pas seulement du chocolat… C'est le moment où vous essayez de combler ce vide laissé par le manque de reconnaissance."
En séance, il aurait tenu ce fil dans le temps, vérifiant chaque semaine ce qui change, ajustant les exercices, proposant de petites victoires réalistes. Là où l'IA s'arrête au premier essai raté, le thérapeute accompagne la persévérance.
Limite révélée : Pas de persistance dans les questions. Pas de soutien dans la durée. Pas d'accompagnement dans la honte: la patiente abandonne car elle est seule et pas soutenue.
Synthèse sur les obstacles thérapeutiques avec l'IA
Ces exemples révèlent également les défis fréquents que rencontre tout accompagnement psychologique, mais que l'IA ne peut ni identifier ni traiter :
♥ Résistance au changement : Souvent parce que le patient a peur des conséquences (perdre ce qui est connu même si douloureux) ou manque de confiance. L'IA ne peut pas travailler cette ambivalence.
♥ Loyautés familiales et injonctions implicites : Des modèles internalisés puissants que l'IA ne détecte pas dans le discours apparent.
♥ La culpabilité et la honte : Difficile à nommer, voire d'en imaginer sortir. L'IA ne peut pas accueillir ces émotions paralysantes.
♥ Attentes irréalistes : Du patient ou de l'entourage, souvent non explicitées (combien de temps, quelle transformation, ce qui peut réellement être atteint).
Une autre limite majeure de l'IA est qu'elle ne soutient pas la persévérance. Or beaucoup de blocages psychologiques (TOC, compulsions, addictions, schémas relationnels) ne se défont que par un travail patient, ajusté, persistant. Sans ce fil humain qui relance, valide, adapte, la personne tourne en rond et se décourage.
Ces sept cas ne sont pas des exceptions. Ils sont fréquents.
Chacune de ces histoires révèle la même vérité dérangeante : l'IA peut vous donner des techniques parfaitement valides, mais elle échoue systématiquement dès que le problème touche au cœur de votre humanité. L'IA répond de façon statistique à ce que vous lui demandez.
Si vous donnez énormément d'éléments et que vous avez déjà établi un diagnostic, vous pourrez avoir plus d'éléments précis ... en revanche toujours les mêmes.
Ce que ces situations démontrent sans ambiguïté, c'est que l'intelligence artificielle s'effondre face à :
♠ UNE ÉMOTION INTENSE (honte, rage, culpabilité, terreur) qu'il faut contenir en temps réel, pas juste "gérer"
♠ Un décalage entre les mots et l'émotion réelle quand vous répondez à côté, minimisez, protégez votre blessure sans même vous en rendre compte
♠ Un suivi relationnel dans le temps où l'absence de feedback authentique rend l'évolution invisible et les régressions indétectables
♠ Un travail profond sur les schémas inconscients et le transfert là où se nichent vos blessures de rejet, d'injustice, d'attachement et vos loyautés invisibles
Ce que l'IA ne verra jamais
Un psychothérapeute humain perçoit ce qui ne se dit pas :
♣ Le tremblement imperceptible dans votre voix quand vous évoquez "juste une fatigue"
♣ Le micro-détournement du regard quand vous parlez de votre enfance
♣ La contradiction entre vos mots apaisants et votre respiration qui s'accélère
♣ Le moment précis où votre corps se rigidifie alors que vous souriez
Un thérapeute contient vos débordements émotionnels sans les fuir, ajuste en temps réel selon ce qu'il ressent, et utilise la relation elle-même comme levier de transformation.
Si vous vous reconnaissez dans ces histoires...
Si vous sentez qu'il y a quelque chose de plus profond que vos mots ne peuvent exprimer, c'est le signal que vous avez besoin d'une présence humaine, pas d'un algorithme.
Quelqu'un qui reste là quand vous n'avez plus de mots. Quelqu'un qui vous accompagne dans l'obscurité, pas qui vous donne juste une lampe torche.
L'IA a sa place pour suivre votre humeur entre deux séances. Mais elle ne sera jamais le cœur de votre guérison.
Ce qui transforme vraiment, c'est une rencontre humaine où vous pouvez enfin déposer ce que vous portez. Un lien qui ne se rompt pas quand vous montrez vos failles.
LES BLESSURES HUMAINES SE SOIGNENT DANS LA RELATION HUMAINE.
Si l'IA vous a donné des outils mais pas de transformation... il est temps de chercher une présence vivante.
Vous méritez d'être accompagné, pas juste conseillé.
Auteur : Karine BIAVA (2025)
Psychothérapie et Art-thérapie à Peymeinade 06 530
N'hésitez pas à prendre rendez-vous (hypnose, PNL, IMO, EMDR - DMS, art-thérapie, thérapies émotionnelles, thérapie des schémas, thérapie de reprogrammation de la mémoire ou thérapie de la cohérence).
La théorie est une chose, en profiter vraiment en est une autre.
Une séance suffit pour répondre à une question.
Une thérapie est efficace durablement que après plusieurs séances.
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