L'HYPERSENSIBILITÉ n'explique pas tout ! HYPERSENSIBLE moi ?

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L'HYPERSENSIBILITÉ n'explique pas tout ! HYPERSENSIBLE moi ?

Date de publication : 01/05/2023

Anxiété importante, fatigue déprimante, surmenage émotionnel, incompréhension du monde qui vous entoure, ... je suis hypersensible c'est sûr ? Toujours énervé, pas à sa place dans la famille ou dans le boulot, mauvaises relations aux autres, mauvais résultat scolaire, problème d'insertion, anxiété sociale, .... c'est sûr il ou elle est hypersensible ?
En êtes-vous aussi sûr ?
Votre entourage trouve vos réactions exagérées, voire pense que vous jouez la comédie …. vos sensations sont bien réelles : vous souffrez sûrement de ce que l’on appelle une hypersensibilité sensorielle. Mais est-ce que l'hypersensibilité (telle qu'on l'entend souvent aujourd'hui) est un de vos traits de personnalité ?

Quand les choses dérapent, ce sont souvent les émotions qui se dérèglent. Colère, irritation, anxiété, tristesse envahissante ...

Alors, la tentation est grande de croire que l’on ressent les choses plus intensément, plus profondément que les autres. Et bien en cherchant à droite à gauche, on se reconnaît alors dans des caractéristiques comme l’hypersensibilité.
Surtout que les descriptions sont larges, et que le concept est à la mode.
Si vous lisez un article sur l’hypersensibilité et que vos émotions vous donnent du fil à retordre actuellement, vous aurez peut-être tendance à penser : « Mais oui, je suis hypersensible ! »
Comment faire la part entre une réalité mesurable et une impression du moment ?

C'est normal d'essayer de comprendre la cause de vos maux. Et cette caractéristique d'hypersensible est flatteuse. Par contre, si on se trompe il est fort possible de passer à côté d'un autre problème qui aurait pu apporter des solutions réelles pour vraiment mieux vivre.

Pourquoi est-il dangereux de se définir comme hypersensible un peu trop rapidement ?

L'hypersensibilité est loin d’être distinctive et elle peut se confondre avec le symptôme de certains troubles.

La probabilité est grande de confondre l’hypersensibilité avec d’autres troubles nécessitant des traitements très spécifiques (médicamenteux et psychothérapeutiques).
De nombreux troubles (trouble du spectre autistique TSA, trouble du Stress Post-Traumatique TSPT, trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité TDA/H, troubles de l'humeur dont les troubles anxieux, la dépression ou trouble dépressif..., trouble de la personnalité borderline ...) se manifestent notamment par une hyper-réactivité aux stimuli sensoriels et émotionnels.
Auquel cas les souffrances sont à attribuer prioritairement au trouble, et non à la sensibilité élevée.
Toutes les personnes traumatisées, souffrant d’un TDA/H, tous les dépressifs, les anxieux ne sont pas hypersensibles. Bien sûr il est aussi possible de souffrir de l’un de ces troubles et d’être hypersensible.

Le phénomène d'hypersensibilité touche également de nombreuses personnes atteintes de maladies chroniques mais sont-elles pour autant hypersensibles au sens où les personnes l'emploient en ce moment ? Nous y reviendrons dans le paragraphe suivant.

Se croire hypersensible à tort ou avoir été identifié à tort comme hypersensible peut avoir des conséquences graves puisque cela peut couper les personnes de recevoir les bons soins et donc les empêcher d’aller mieux.

Le danger est particulièrement grand pour les enfants car il serait dangereux d'étiqueter un enfant comme hypersensible alors qu'il y a un trouble du développement (TDA/H, TSA, ...).


En plus la définition de l'hypersensibilité est large.
Or l’histoire montre que les diagnostics trop lâches, aux contours si larges que beaucoup de monde s’y reconnaît, se révèlent contre-productifs car l'intérêt d'un diagnostic n'est pas de "contenter" le patient mais il s’agit de déterminer comment l'aider efficacement et de manière ciblée.
Pensons par exemple à l’hystérie, concept fourre-tout hérité de l’Antiquité. Seul la conversion hystérique (étudiée par Jean-Martin Charcot et Sigmund Freud), qui est bien une réalité et se traduit par exemple par la paralysie d’un membre sans aucune cause organique, a été conservée.
L’hystérie (en tant que trait de caractère auto-diagnostiqué avant) était un concept flou, un trouble énigmatique dont les symptômes étaient, entre autres : la présence de débordements émotionnels face à des situations communes, une tendance à amplifier les ressentis, à rire, à pleurer, à s’emporter plus fréquemment qu’attendu, ainsi qu’une difficulté à ordonner sa pensée, submergée par des idées foisonnantes et des ruminations mentales envahissantes. Ça ne vous rappelle rien ?

ET votre hypersensibilité est une cause ou une conséquence ??? Nous en discuterons plus loin.
Mais au fait c'est quoi l'hypersensibilité.

Qu’est-ce que « l’hypersensibilité » ou la sensibilité élevée ?

Nous allons d’abord nous intéresser à la sensibilité élevée ou « hypersensibilité » dans un contexte général.

Cette caractéristique d'hypersensibilité désigne des personnes qui réagissent beaucoup plus fortement que les autres aux stimulations de l’environnement, aux stimulations internes par des réactions émotionnelles plus intenses et plus vives. Cette sensibilité élevée se manifeste à la fois dans le registre sensoriel et dans le registre émotionnel (sensibilité à ses propres émotions comme à celles des autres).

Hypersensibilité sensorielle

Le concept d’hypersensibilité SENSORIELLE fait référence à une hyperexcitabilité des cinq sens, voire des neuf sens, à savoir : la vue, l’audition, l’odorat, le toucher, le goût, la proprioception, l'équilibrioception, la thermoception et la nociception.
En d’autres termes, l’hypersensibilité concerne les personnes qui se retrouvent submergées lorsqu’elles se retrouvent dans des environnements trop lumineux (par ex., néons des centres commerciaux) ou trop bruyants, saturés d’odeurs (par ex., une fête foraine).
L’hypersensibilité concernerait également les personnes qui sur-réagissent à certaines saveurs (par ex., l’acide ou l’amer) ou ne peuvent pas porter/toucher certaines matières (par ex., textiles). Mais aussi qui sur-réagissent à la chaleur, à la douleur, …

Hypersensibilité émotionnelle

A partir de l’hypersensibilité sensorielle, il peut y avoir une cascade où les réactions émotionnelles exacerbées succèdent à la sur-sollicitation sensorielle. On peut le comprendre : une personne trop sensible confrontée aux bruits, aux cris, à la cacophonie de musiques trop fortes, et aux odeurs fortes d’une fête foraine nocturne va certainement y réagir par une vague d’émotions violentes.
Au-delà de cette hypersensibilité sensorielle et ÉMOTIONNELLE, le concept est souvent élargi à la sphère émotionnelle « seule »: une personne aux ressentis à fleur de peau, à la larme facile, à l’empathie exacerbée sera aussi qualifiée d’« hypersensible » ou d’« hyperémotive» (nous verrons ci-dessous la différence) même en ne mentionnant pas une sensibilité sensorielle accrue par rapport aux autres.

Hypersensibilité "mentale"

Enfin, il existe une acception de l’hypersensibilité qui touche la sphère cognitive. Parmi les symptômes évoqués : être submergé par des pensées incessantes et divergentes, c’est-à-dire qui partent dans toutes les directions ; avoir de nombreuses intuitions qui se révèlent souvent correctes par la suite ; être particulièrement intolérant à l’injustice ; porter son attention à de multiples détails, quitte à perdre de vue le tableau d’ensemble, etc. En un mot, avoir un mental qui turbine à mille à heure.

A quoi correspond l'hypersensibilité dont on parle actuellement ?

Nous venons de voir différents types d'hypersensibilité. Maintenant l’hypersensibilité est aussi un concept que l’on voit fleurir partout autour de nous. Mais de quelle hypersensibilité parle-ton ?
Aujourd’hui si on entend souvent parler d’hypersensibilité, cela vient de la théorie d’Elaine Aron.
L’hypersensibilité y est définie comme un trait de caractère.
Elaine Aron définit la Sensibilité des Processus Sensoriels (SPS) comme une caractéristique innée renvoyant au seuil auquel les personnes réagiraient aux stimuli extérieurs et à leurs états émotionnels transitoires.
Quant aux personnes hypersensibles (highly sensitive person), ce serait celles qui ont tendance à traiter les informations sensorielles à un seuil plus bas que les autres et donc à noter les moindres variations d’un environnement donné.
Cette sensibilité accrue aux stimuli sensoriels s'accompagnerait d'une plus grande profondeur dans leur traitement et, en conséquence, se solderait par une réponse émotionnelle augmentée.

Pour évaluer cette sensibilité aux processus sensoriels, il existe un questionnaire permettant de mesurer les niveaux de votre sensibilité dans 3 composantes :
♦ Le débordement émotionnel (émotions, intenses, difficulté à contrôler ses ressentis, impression de montagnes russes)
♦ Le seuil de détection sensoriel bas (forte sensibilité aux sons, lumières, odeurs et contacts physiques, réactivité élevée aux stimuli, gêne dans les environnements bruyants ou stimulants)
♦ La sensibilité esthétique (ressources personnelles artistiques, goût pour le beau en générale, affinité développée pour les œuvres d’art)

Le plus souvent les 3 facteurs sont corrélés les uns aux autres chez un même individu.
Nous verrons dans le paragraphe ci-dessous que le terme même d’hypersensibilité (traduction française de highly sensitive person) n’est pas forcément très approprié.

Quand on a des difficultés avec ses émotions, est-on hypersensible ou hyperémotif ?

Une petite contrariété vous met dans un énervement et une colère que vous n’arrivez pas à apaiser ?
Faire une tâche minime qui sort de votre routine vous fait stresser de manière incontrôlée et illogique au regard de la situation ?
Vous vous sentez incapable de gérer des choses simples que vous faisiez avant sans même y penser ?
Vous vous sentez démuni et impuissant face à une profonde tristesse qui vous submerge par moment sans raison ?
Ceux sont des motifs fréquents de consultation, quel que soit le degré de sensibilité de la personne. Un problème de régulation des émotions n'est pas forcément "explicable" par une "hypersensibilité". Nous allons y revenir.

Il est important de ne pas assimiler l’hypersensibilité et les difficultés émotionnelles.
D’abord, parce qu’il existe des personnes très sensibles qui présentent des compétences émotionnelles élevées. Ils n'ont pas d'hyperémotivité. Une personne hypersensible peut ne pas être hyperémotive.
Ensuite parce que les individus dotés d’une sensibilité élevée n’ont pas le monopole des difficultés émotionnelles ou relationnelles : tout le monde est susceptible d’être en souffrance avec ses émotions.

Il est maintenant logique que si vous présentez une hypersensibilité (qu'elle soit "constitutionnelle" ou un symptôme), votre système de régulation émotionnelle sera plus mis à contribution et il vous faudra un meilleur système de régulation émotionnelle.

Les difficultés émotionnelles sont directement en lien avec notre système de régulation émotionnelle.

La régulation émotionnelle est une capacité indispensable quelque soit votre vie.
Le système de régulation émotionnelle est fondamental dans la plus ou moins bonne gestion de nos émotions. Cette capacité s'acquiert et se travaille afin de l'améliorer.


Les personnes hyperémotives ou émotives ont des émotions plus fortes et plus variées qui durent dans le temps. Elles sont aussi plus perméables aux émotions des autres.
Les personnes hyperémotives se sentent rapidement débordées, envahies et dépassées par leurs émotions. C’est un problème de régulation des émotions.
Elles ont du mal à les contenir et à les apprivoiser.

Si vous réagissez de manière disproportionnée face à une situation, vous pouvez avoir un problème d'émotivité et pas d'hypersensibilité.

Est-ce que vous pouvez vous définir comme « Je suis un(e) hypersensible » ?

L’hypersensibilité telle qu’utilisée couramment en ce moment est un trait de tempérament qui vous caractériserait.
Pour l’instant, au vu des études, il est possible de DOUTER de 2 CHOSES :
- tout d’abord que l’hypersensibilité soit une caractéristique stable et faisant partie du tempérament (c’est l’objet de ce paragraphe)
- et ensuite que l’hypersensibilité soit un élément qui vous aide à comprendre et à solutionner vos difficultés (ce sera l’objet du prochain paragraphe, pour compléter ce qui a déjà été abordé au début de l’article).

► PETIT RAPPEL sur la personnalité :

  • Une partie des traits de votre personnalité sont des caractéristiques stables et permanentes, qui définissent votre tempérament (dont l’hypersensibilité ferait partie en tant que caractéristique innée : on naitrait hypersensible).
  • Votre personnalité englobe en plus de ces caractéristiques permanentes une partie acquise (sensible aux influences éducatives), définissant votre caractère. Cette partie acquise ferait que l’état de votre personnalité est valable à un moment donné. Ainsi même votre tempérament pourrait s’exprimer de différentes façons suivant votre environnement et votre éducation.
  • Néanmoins la personnalité (ce que dans le langage courant on nomme un peu trop vite le caractère) est une caractéristique psychologique finalement assez stable, habituelle à travers le temps et les situations.

Revenons donc à l’hypersensibilité (englobant la partie sensorielle et émotionnelle).
On nous dit que ce serait une caractéristique de votre tempérament innée.

En fait d’après les études actuelles, nous ne savons pas si l'hypersensibilité est une caractéristique universelle ou culture-dépendante.
Nous ne savons pas non plus si l’hypersensibilité est une caractéristique stable.
Nous pouvons vraiment en douter.

Il est donc difficile de pouvoir "étiqueter" quelqu'un pour hypersensible, pour toujours.

Pourquoi il est difficile de croire que vous "naissez" hypersensible et le restez invariablement ?

Attachement, régulation émotionnelle et environnement

Le système d'attachement, donc le système de régulation émotionnelle, influent dès les premiers mois de la vie sur votre sensibilité.

Comme la personnalité (vue au paragraphe précédent), le style d’attachement des personnes se développe dans l’interaction entre leur génétique (le tempérament, inné) et l’environnement (la relation avec les figures principales d’attachement dans les premiers mois de la vie).

Le style d’attachement n’est donc pas inné, il est acquis ; ce qui est inné, c’est le système de l’attachement lui-même. Et donc nos propres capacités et l’environnement d’attachement que nous subissons détermine le style d’attachement avec lequel nous commençons notre vie d’adulte.


A cela, il faut ajouter que le système de régulation émotionnelle de l’adulte est un héritage direct de la relation d’attachement qu’il a eu avec ses donneurs de soins.
C’est effectivement en fonction de ses expériences affectives (principalement parentales) que l’individu développe la capacité d’autoréguler ses affects (les affects sont des émotions conscientisées).
C’est pourquoi chez l’adulte, les processus d’attachement sont considérés comme des stratégies de régulation émotionnelle et de traitement de l’information émotionnelle.

Supposons un nouveau-né qui n’aurait pas d’hypersensibilité.
S’il développe un style d’attachement insécure-évitant (explication dans un futur article), il pourra être caractérisé comme étant hypersensible (de par ses émotions, ses réactions, …)
En effet, un système trop réactif (correspondant à des scores élevés sur l’échelle de la Sensibilité des Processus Sensoriels ou à ce qui a été appelé « hypersensibilité ») constitue une caractéristique dysfonctionnelle qui se manifeste en termes de comportement par de l’inadaptation et de l’émotivité.

En termes de processus, l’émotivité a d’ailleurs été identifiée comme étant la résultante de la rencontre entre un tempérament trop sensible et des environnements vécus comme stressants (ce qui ne veut pas dire qu’ils le soient) entraînant un dysfonctionnement du couple émotion/cognition.

Facteurs directs influant sur la sensibilité

Dans le travail de régulation émotionnelle, il est important de savoir que la sensibilité sensorielle et émotionnelle est le résultat de différents facteurs :
• votre santé actuelle,
• votre état de fatigue,
• votre état psychologique,
• votre environnement (familial, social, professionnel, ...),
• vos capacités cognitives,
• votre connexion à vous-même (par exemple entrainement à l’écoute de vos sensations ….),
• votre style d’attachement,
vos expériences traumatiques,
vos schémas de défense et …
• et votre niveau de déclenchement actuel en terme de sensibilité (hyper ou hypo sensibilité) (que ce soit une caractéristique innée faisant partie de votre tempérament ou pas).

En résumé, je serais donc tentée de dire « l’hypersensibilité » n’est pas innée, elle est variable; ce qui est inné est le système nerveux et hormonal de traitement et régulation des sensations et émotions. Et donc la plus ou moins « bonne utilisation » que nous en faisons détermine notre niveau de sensibilité.
D'après les études actuelles, environ 1/3 du niveau de sensibilité d'une personne serait attribuable à la génétique et environ 2/3 serait lié à l'environnement actuel et passé.

Comment faire quand on est hypersensible aujourd'hui ?

Est-ce que se dire hypersensible apporte une solution ?

Supposons que l’hypersensibilité (et ses implications) soit une conséquence ou un symptôme (comme nous l'avons vu au 1er paragraphe).
Par rapport à ça, comprendre que votre hypersensibilité sensorielle et émotionnelle est en lien avec vos difficultés, pas de souci. C’est une des caractéristiques de vos difficultés.
Auquel cas, il est important de diagnostiquer le ou les troubles dont vous souffrez et de trouver toutes les solutions pour dépasser vos problèmes.
Il est également important de travailler sur votre régulation émotionnelle et sensorielle (comme nous le ferions que l’hypersensibilité soit une cause ou une conséquence de votre difficulté).

Et sachez que la régulation émotionnelle s’apprend, demande un entrainement et est quasi systématiquement abordée dans toute thérapie ou séance de psychothérapie.


Nous allons maintenant supposer que l’hypersensibilité est une cause (qu’elle soit innée ou pas).
Si c’est une caractéristique innée alors il n’y a qu’à l’accepter et faire le travail de régulation émotionnelle et sensorielle avec vos caractéristiques uniques (comme nous le faisons à chaque fois en thérapie). Nous avons vu au paragraphe ci-dessus que le système de régulation émotionnelle d’une personne est influencé par de nombreux autres facteurs (par exemple le style d’attachement) qui sont acquis.

Si ce n’est pas une caractéristique innée, et si cela vous cause un problème, vous travaillerez avec le niveau de votre sensibilité au moment donné.

Prenons encore un autre exemple.
Il y a dans certaines études le fait que l’hypersensibilité renvoie à des personnes qui, en raison de caractéristiques innées les conduisant à traiter les informations sensorielles environnementales à un seuil trop bas, vont probablement se présenter comme inhibées, timides et émotives, avec une tendance marquée à éprouver des affects négatifs et à ressasser à la fois les expériences vécues et celles à venir.

L’hypersensibilité se présenterait comme un facteur de vulnérabilité à divers troubles comme l’anxiété (sociale), la dépression ou le TSPT (mais toutes les personnes souffrant de ces troubles ne sont pas nécessairement concernées par l’hypersensibilité)

Au cours du temps, cette personne apprendra à craindre ce genre de situation, d’autant plus qu’elle aura tendance à les ressasser, à ruminer ; c’est ce que veut dire la « plus grande profondeur de traitement des stimuli » dans la définition de l’hypersensibilité.
Finalement, les personnes hypersensibles développeraient une anxiété sociale appelée « faible sociabilité » par Elaine Aron.
Une faible sociabilité serait alors une stratégie pour éviter la sur-stimulation sensorielle.
L’anxiété sociale serait alors consécutive à l’hypersensibilité.

Mais en amont du trouble d’anxiété sociale, il n’y a pas forcément une hypersensibilité des processus sensoriels.
Toutes les personnes qui souffrent d’anxiété sociale (ou manquent de sociabilité) ne sont pas hypersensibles, ce qui alerte à nouveau sur les dangers d’une identification trop rapide ou de l’auto-identification.

Je rappelle également (comme mentionné au 1er paragraphe) que à ce jour, la quasi-totalité des patients que l’on pourrait qualifier d’hypersensibles avec des troubles chroniques souffrent généralement de TSPT (souvent complexe), de TDA/H, de troubles de la personnalité divers, ou de TSA.

Pourquoi l’hypersensibilité n’est pas un mot approprié ?

En éthologie, les chercheurs notent depuis longtemps la présence d’individus particulièrement sensibles aux stimulations de leur environnement au sein de nombreuses espèces animales – dont l’être humain.

Si on entend souvent parler d’hypersensibilité, cela vient de la théorie d’Elaine Aron.
Cette psychologue américaine utilise le terme de « haute sensibilité » pour décrire un tempérament distinct, caractérisé par une plus grande profondeur dans le traitement de l’information sensorielle (sensory-processing sensitivity, ou SPS), un seuil de détection plus bas, une tendance à être plus facilement débordé par ses sensations, une plus grande conscience des subtilités de l’environnement, une réactivité émotionnelle plus élevée et une empathie plus développée.

En conséquence, la question n’est pas de savoir si on est ou non hypersensible, mais si on est plus ou moins sensible.
La sensibilité élevée peut alors être considérée comme l’extrême du continuum de la sensibilité. Plus qu’une catégorie, il s’agirait d’un trait dimensionnel de la personnalité. Cela signifie que l'on est plus ou moins hypersensible.
Ceci signifie aussi que l'hypersensibilité est stable à l’âge adulte, donc si vous êtes hypersensible il était possible de constater les caractéristiques de l’hypersensibilité chez vous déjà dans l’enfance-adolescence, ou avant la vingtaine.
J'ai déjà beaucoup parlé des questions engendrées par ces hypothèses dans les paragraphes ci-dessus.

Nous l’avons traduit en français par « hypersensibilité ». Or « hyper » signifie au-dessus ou au-delà. MAIS AU-DESSUS DE QUOI ?
Car il est dit que 15 à 30 % de la population rentre dans la définition de l’hypersensibilité. Or 15 à 30% ce n’est pas rien. Donc à quoi correspond le « au-dessus » ?
Cela correspond peut-être à un « trop ». Mais qu’est-ce qui est « trop » en la matière ?
Ce sont principalement les personnes concernées qui le déterminent, rendant une identification objective délicate, voire impossible.
Pour revenir à la pionnière Elaine Aron, celle-ci envisage le SPS (sensibilité dans le traitement sensoriel) comme un tempérament distinct, d’origine neurologique, possédant des caractéristiques spécifiques, en vertu desquelles une personne peut être qualifiée de « hautement sensible » : il s’agit d’une approche catégorielle, qui fait une distinction entre les personnes hautement sensibles et les autres. Or il serait plus approprié de mesurer l’intensité de la sensibilité de quelqu’un, donc faire de la sensibilité un critère dimensionnel.
Pour comparer, le concept de HPI (Haut Potentiel Intellectuel) concernent les personnes dont le QI adulte est supérieur à 130 : elles ne représentent que 2,3 % de la population. Donc oui il serait possible de parler de catégoriel dans le haut potentiel intellectuel plus que dans l’hypersensibilité.

En clair il serait peut-être plus judicieux d’avoir une évaluation de votre degré de sensibilité que parler de la catégorie des « hypersensibles » qui n’existent pas en l’état.

En ce moment, il n’y a que très peu de personnes dont il est possible d’assurer qu’elles avaient un système de traitement des informations sensorielles et émotionnelles qui était atypique dès la naissance.
Il serait plus approprié d’utiliser l’expression « sensibilité élevée » plutôt que hypersensibilité.

Est-ce que l’hypersensibilité ou la haute sensibilité peut être un inconvénient ?

Que votre hypersensibilité soit innée ou pas, qu’elle soit une cause ou une conséquence d’autres troubles, à partir du moment où vous « avez » une sensibilité accrue les souffrances psychologiques vont vous toucher plus durement.
En effet, la haute sensibilité n’est pas un trait confortable. Notamment parce qu’elle rend plus vulnérable à des contextes de vie toxiques.
D’où la plus grande probabilité de présenter certains troubles psychologiques, comme le burn-out ou les troubles anxieux.

Les avantages de la sensibilité élevée s’expriment à l’inverse dans plusieurs domaines : artistique, professionnel ou relationnel.
Il est d'ailleurs possible d'apprivoiser sa sensibilité avec de l'entrainement telle que la méditation "pleine présence".

Le vrai enjeu pourrait être d’apprendre à vivre avec cette caractéristique en sachant exploiter les atouts qu’elle confère tout en se dotant des bons réflexes, voire des techniques qui permettent d’en gommer les effets les plus pénalisants.

Quoi faire en cas d’hypersensibilité ?

Hypersensible, et alors ? Supposons que votre sensibilité émotionnelle soit trop élevée. Que faire ?
Quelles sont les solutions si vous pensez être trop sensible ?

Puisqu'il ne s'agit pas d’un trouble ou d’un facteur de problème en soi, il n'y a pas lieu de parler de thérapie destinée à soigner ou corriger l'hypersensibilité à proprement parler.
Il s’agit d’accepter votre sensibilité tout court (qu’elle soit hypersensibilité ou pas) sans culpabiliser, de savoir en faire une force, d’apprendre à faire la part des choses (apprendre à ne pas se laisser submerger par les émotions et les problèmes des autres, apprendre à évacuer le trop-plein émotionnel …). MAIS comme tellement d’autres choses.

Nous avons vu que si une hypersensibilité est notable chez vous, il s’agira d’éliminer tout autre trouble pour lequel vous aurez de toute façon beaucoup d'autres symptômes.
Et si vous avez un trouble, il s’agira de décider d’une prise en charge du trouble avant toute chose avec votre niveau de sensibilité du moment.

Ensuite si les manifestations de votre hypersensibilité (souvent problèmes de régulation émotionnelle ou problèmes réactionnels liés à l’hypersensibilité en partie tels que angoisses, colères, susceptibilité, …) vous posent des difficultés, vous pourrez travailler à l’aide de différents outils et techniques thérapeutiques pour solutionner durablement vos problèmes.
Votre sensibilité tout court (qu’elle soit hypersensibilité ou pas) sera prise en compte dans l’état dans lequel elle sera. Tout comme tous les éléments vous caractérisant, qu’ils soient innés ou pas, très stables ou peu stables dans le temps : vos sensations physiques associées à vos émotions (par exemple pour la peur, certains ressentent une accélération du rythme cardiaque, des bouffées de chaleur ; d’autres ressentent des sensations d’étouffement ; d’autres des gênes abdominales…), vos capacités cognitives (vos mémoires, votre capacité de mentalisation, votre plus ou moins grande facilité d’imagination, …), vos expériences, …
A chaque fois, chaque jour, certains de ses éléments seront toujours les mêmes, d’autres varieront en fonction de votre état ou avec la thérapie. Il s’agira d’avancer avec ce que vous êtes.

Les techniques et thérapies existantes sont jugées adéquates du moment qu'elles ne tentent pas de réprimer l'hypersensibilité (si elle est présente chez vous) mais, au contraire, tant qu'elles permettent à l'hypersensible de vivre avec son « excès » de ressentis, de l'assumer et de trouver des occupations mettant en valeur ce qui a pu lui sembler une source de problèmes.

Auteur : Karine BIAVA (2022)
Psychothérapie et Art-thérapie à Peymeinade 06 530


Si vous sentez que vous avez besoin d’aide car vous n'arrivez pas à savoir si vous êtes hypersensible, émotif, évitant, déprimé, étrange, bizarre ou juste différent, vous pouvez entreprendre des séances de thérapie pour solutionner durablement votre situation.
N'hésitez pas à prendre rendez-vous.

La théorie est une chose, en profiter vraiment en est une autre.
Une séance suffit pour répondre à une question.
Une thérapie est efficace durablement que après plusieurs séances.


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