Comment reconnaitre un(e) pervers(e) narcissique

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Comment reconnaitre un(e) pervers(e) narcissique

Date de publication : 10/08/2022

Savez-vous si vous êtes sous l'emprise d'un (e) pervers (e) narcissique ? Retrouvez ici comment les identifier et ce que c'est réellement.
Il est de plus en plus courant d’entendre ce terme de « pervers narcissique », mentionné même souvent directement par ses initiales PN. Alors est-ce seulement un phénomène de mode ? ou bien y-a-t-il de plus en plus de pervers narcissiques ? ou alors le problème est-il mieux connu et donc l’identification plus facile ?
Dans cet article (et les 3 suivants), vous découvrirez ce qu’est la perversion narcissique afin de faire la distinction entre une personnalité narcissique et un pervers narcissique. Ensuite je vous donnerai quelques éléments afin de comprendre comment identifier un pervers narcissique.
Puis dans l’article suivant, je vous présenterai d’autres possibilités d’emprise et comment s’en protéger.
Dans un 3ème article, il y aura quelques pistes pour pouvoir se guérir et dépasser la situation d’emprise.
Et enfin dans un 4ème article, je vous parlerai des enfants de pervers narcissiques, en particulier quand ceux-ci sont des femmes. Et oui, il y a aussi des femmes PN. Elles sont particulièrement nocives pour leurs familles.

Qu'est-ce que la perversion narcissique ?

Tout d’abord il est important de distinguer la blessure narcissique et la faille narcissique.
En gros, la blessure narcissique est une blessure qui peut se réparer. C’est une atteinte à la sensibilité et à l’amour-propre d’une personne. C’est l’ego et la fierté qui sont touchés. Ceci peut tous nous concerner. Il est possible de travailler dessus et ainsi d’amoindrir la douleur.
Bien sûr, certains individus ont plus de blessures que d’autres personnes. Leurs réactions sont très diverses et sont des difficultés habituellement abordées en psychothérapie.

La faille narcissique est une déchirure qui ne se guérit pas. Elle entraine de réelles pathologies psychiatriques. Mais le pervers (narcissique ou pas) permute la souffrance en jouissance. Ceci explique que vous ne verrez jamais ces personnes en thérapie. Ce sont donc ses "victimes" qui viennent le plus souvent en consultation, suite aux violences exercées par lui ou elle. Donc si dans une tentative supplémentaire de manipulation, il vous dit qu’il(elle) va aller « se faire soigner », ne le(la) croyez pas !

Et cela nous amène alors à notre sujet de la perversion narcissique.

La perversion narcissique est un trouble de la personnalité. Elle définit « une organisation caractérisée par le besoin, la capacité et le plaisir de se mettre à l’abri des conflits internes en se faisant valoir au détriment d’un objet manipulé comme un ustensile et un faire-valoir. »

La perversion narcissique est une forme de narcissisme pathologique.


Le narcissisme pathologique ou toute-puissance pathologique est défini comme :

  • une recherche illimitée de pouvoir, d'amour idéal,
  • un sens grandiose de sa propre importance (surestime de soi), le sentiment d'être spécial et de ne pouvoir être admis ou compris que par des gens spéciaux, de haut niveau,
  • un besoin excessif d'admiration,
  • le sentiment que tout est dû, l'exploitation de l'autre,
  • le manque d'empathie,
  • l'envie et le sentiment que les autres l'envient, l'arrogance et le mépris.

La perversion narcissique se base alors sur le déni de la réalité : mort, vieillissement, souffrance, la loi, la différence en général, ...etc.
Le pervers narcissique ne reconnaît pas l'autre dans sa différence, car elle représente une menace pour sa toute-puissance narcissique.
Le pervers narcissique (vous avez compris, ceci s’applique aussi aux femmes) envie l'autre pour les qualités et ressources qu'il n'a pas. Cette envie le pousse à détruire l'identité de sa proie par des violences quotidiennes et grâce à sa capacité à inverser les rôles.

Comment se déroule la démarche d’emprise du pervers narcissique ?

Pour qu’il y ait un pervers narcissique, il faut qu’il y ait une victime. Le pervers-narcissique “se met à l’abri” de ses problèmes en les expulsant sur d’autres personnes, ses "proies", qui vont endosser ces problèmes ainsi externalisés.
Il en résulte une situation pleine de paradoxes: celui qui est malade (le PN) ne l’est pas en apparence. Au contraire, il jouit souvent d’une santé florissante. Celui qui est malade (la victime qui souffre) est, elle, au départ, plutôt saine. La voilà maintenant affectée, sans le savoir, d’une affection qui ne lui appartient pas, à laquelle elle ne comprend rien et dont elle ne peut évidemment pas “guérir”, malgré ses efforts souvent désespérés.

Le pervers narcissique séduit sa proie par ses attributs de pouvoir ou en se présentant en victime selon son interlocuteur. Ensuite, il l'envahit et la domine. Cette emprise lui permet de l'isoler, de la vampiriser. Son égocentrisme ne lui donne pas la capacité d'aimer et d'être empathique. Il utilise comme arme de séduction et de destruction, l'usage de la parole, la persuasion, la rhétorique, les techniques de communication qui permettent de manipuler sans souci de l'autre.

Le pervers narcissique ne supporte pas le bien-être d'autrui et éprouve un soulagement morbide à voir l'autre au plus bas.


Il maîtrise l'art de savoir jusqu'où aller dans sa destruction pour maintenir l'emprise. Psychorigide, il impose une discipline de fer. Le PN perçoit le monde comme dangereux, mauvais et cruel, et a une perception de l'autre comme un ennemi potentiel (son angoisse paranoïaque).

Comment reconnaitre un pervers narcissique ?
Il existe d’autres types de manipulateurs (détaillés dans le 2ème article) mais le PN a certaines caractéristiques particulières.

Le pervers narcissique a un fonctionnement pervers :

Il fonctionne sur le mode du déni, déni de la différence (nous devons penser, agir, réagir, comme lui), déni de l’autre (l’autre n’existe pas pour lui, si ce n’est comme prolongement de lui-même), déni de la loi (il refuse tout interdit, notamment l’interdit du meurtre et de l’inceste qu’il transgresse couramment), le déni de la souffrance (il faut être fort, dur et insensible pour un pervers narcissique), le déni de la féminité (le pervers est misogyne et dénie les caractéristiques féminines comme l’émotivité, la sensibilité, la capacité à souffrir, l’empathie, l’accueil de l’autre, l’imagination créatrice,…).
Ces mécanismes de défense pervers sont le clivage et la projection. Il nie la partie de lui qui souffre et projette sur l’autre cette partie qu’il ne veut pas reconnaître et ressentir en lui. Il projette en l’autre, par exemple, sa tristesse, ses angoisses, sa partie enfant blessé, maltraité, inconsciente. C’est sa proie qui ressent pour lui tout cela.
Sa jouissance à détruire provient du fait qu’il est traversé par la haine de l’autre, perçu comme un ennemi, un prédateur potentiel comme lui. En effet, il projette sur l’autre ses caractéristiques destructrices. Cette jouissance provient d’un sentiment de vengeance à l’égard de son vécu passé.

Le pervers narcissique exerce du harcèlement moral et/ou sexuel (violences psychologiques et/ou sexuelles) :

Il jouit de la destruction de l’identité de l’autre.

Le PN fait un lavage de cerveau par des violences psychologiques, verbales au quotidien.

Il maltraite psychologiquement sa proie par le dénigrement et la culpabilisation, toutes sortes de moyens de pression. Il manie le langage non pour communiquer, mais pour rendre l'autre confus, incapable d'analyser, d'exercer son esprit critique. Il recourt à un langage paradoxal pour y arriver. Il alterne des phrases contradictoires, ou un phrase suivie d'un comportement signifiant l'inverse de sa phrase. Il joue un double jeu, par exemple protecteur en public, persécuteur en privé.
Il connaît bien les lois et les manie de façon procédurière pour gagner et détruire ses ennemis (et également ceux de sa proie, c’est pourquoi il passe pour un « chevalier blanc »).
Il est blindé contre la souffrance, les émotions.
Il ne ressent aucune empathie. Pour raison stratégique, il peut jouer n’importe quel rôle même celui de la victime parce qu’il veut le pouvoir. Derrière des rôles de dominateur, derrière sa toute-puissance, se cache un vide abyssal, car il n’a pas d’identité véritable.

Le PN projette sur l’autre son côté « bourreau sadique » :

Ce sont les autres qui sont incompétents, manipulateurs, violents, ...
Il injecte sa violence en l’autre à force d’insultes, de dévalorisations, de culpabilisation, de chantages, de menaces, de fausses urgences, de dramatisation et de minimisation, de silences culpabilisants, …
Il reste de marbre ou se montre séducteur en public. Il souffle le chaud et le froid pour déstabiliser et manipuler. Si sa proie a compris son fonctionnement psychique et veut sortir de son emprise, il harcèle, par une violence verbale, par des actes qui visent la destruction de l’autre.
Au travail, il va exiger toujours plus de rentabilité sans jamais reconnaître le travail de l’autre, exploiter, utiliser les autres pour faire ce que lui ne peut pas faire et ensuite les dénigrer. De cette manière, il fait perdre confiance en soi et estime de soi.
Il détruit les liens familiaux de sa proie, ou isole son partenaire en semant la zizanie. Il privilégie un membre de la famille en négligeant un autre, en offrant des cadeaux à son faire-valoir, en punissant exagérément, …
Il jubile de cette “déchéance de l’autre” qui s’épuise et devient déprimé (fatigue, perte d’estime, culpabilité exacerbée, retrait social, douleurs, insomnies, perte d’appétit, refuge dans son lit, ….).
La victime souffre d’un stress post-traumatique suite au stress chronique que causent ses violences : douleurs, palpitations, crampes, tremblements, cauchemars, flash-backs, angoisse de retourner au travail.
Le pervers narcissique a toujours raison, ne peut supporter la contradiction.
Il envie les qualités de sa proie souvent choisie pour ses qualités de conscience professionnelle, de perfectionnisme, de générosité, d’empathie (compétence, volonté de bien faire, sentiment de responsabilité, valeurs altruistes, honnêteté, empathie, bienveillance, …). Il instrumentalise l’autre qu’il considère comme un objet. Une fois sa proie séduite, il la maltraite psychologiquement pour l’exploiter et la vider de son énergie (ressources psychologiques, spirituelles, matérielles, relationnelles, …). Il veut la détruire grâce à ses stratégies manipulatrices, destruction dont il jouit consciemment, même s’il dit le contraire. Par exemple il ne dit quelque fois pas "bonjour" ou bien manifeste une écoute aversive (regarder son téléphone pendant que vous lui parlez) pour créer de la tension chez sa victime.


Le pervers narcissique est un comédien :

Il commence la mise sous emprise par une séduction narcissique (attirer à soi pour avoir le pouvoir sur l’autre), en cherchant les points communs, les points faibles, en étant faussement convivial, sympathique, protecteur, ...
En fait, il est hyper-contrôlé, stratégique, calculateur, ambitieux.
Le PN est vide, inconsistant, mais peut mimer les émotions, les sentiments, les attitudes de l’autre, pour paraître parfait, ou pour se faire passer pour une victime, …
Il veut le pouvoir, car c’est la seule chose qui lui permet de survivre, étant vide intérieurement. Il se montre théâtral, charismatique pour séduire (on lui donnerait le bon dieu sans confession). Mais, il a deux visages (ange et démon).


Le pervers narcissique a des traits narcissiques :

Beau parleur, d'excellente présentation pour séduire, il paraît parfait au premier abord.
Son sentiment de supériorité et de toute-puissance, son langage persuasif, sa rhétorique très efficace, son charme, sa capacité à monopoliser l'attention, la parole lui permet de conquérir facilement sa proie.
Son désir de pouvoir, de splendeur, de beauté, de succès illimité le rend très déterminé pour séduire et établir une relation d'emprise avec la victime.

Par une séduction narcissique, le(la) pervers(e) narcissique cherche à donner une image parfaite de lui (elle) en public pour mieux séduire, manipuler, installer l’emprise sur sa proie.

Il est obsédé par son image sociale.
Au niveau de son développement psychologique, il est encore un petit enfant, incapable de supporter la frustration, le manque, incapable d’attendre, égocentrique, et irresponsable, sans limites, irrespectueux de la loi, des règles, de la différence.
Pensant que tout lui est dû, il peut exploiter les ressources d'autrui sans culpabilité, sans empathie ni remords.
Envieux, il est un éternel insatisfait et veut toujours plus avoir, dominer.
C'est un individu qui ne supporte pas qu’on lui fasse de l’ombre, car il vit dans un délire de toute-puissance. Il est prêt à écraser et détruire celui qui l’empêche d’exercer sa toute-puissance.

Le pervers narcissique nie ses angoisses psychotiques :

Le pervers narcissique nie ses conflits intérieurs et ses angoisses profondes. Il s'agit d'angoisse de disparaître, d'être anéanti par l'autre. Il voit en l'autre l'ennemi à abattre, celui qui veut le détruire. L'autre est pour lui une menace et il anticipe l'attaque en attaquant sa proie.
Sans identité, il survit en conquérant le pouvoir comme un homme qui se noie et s’accroche à une bouée de sauvetage.
En perte de pouvoir, il peut être submergé par des angoisses qui le font délirer sur un mode paranoïaque ou schizophrénique.

Et rapide portrait des femmes PN (avant de lire le dernier article qui sera plus consacré aux femmes perverses narcissiques et aux enfants de pervers narcissiques). Il est assez facile de "sous-estimer" la femme narcissique.
En effet, on confond souvent le comportement de cette femme manipulatrice avec celui d’une adolescente. On peut clairement faire un parallèle entre le comportement de la femme narcissique et celui d’une jeune adolescente. Elles utilisent toutes les deux l’agressivité et la grossièreté pour obtenir ce qu’elles veulent. Mais comme on ne s’imagine pas que la femme perverse narcissique existe, on attribue son comportement à un manque de maturité, à une phase.
Or la femme perverse narcissique est exactement dans le même fonctionnement que l’homme pervers narcissique (avec quelques aspects extérieurs un peu différent, à découvrir dans le 4ème article).


Pourquoi y-a-t-il plus de pervers narcissiques en ce moment ?

Notre société correspond au culte de la domination, à une survalorisation de la dureté, de l'insensibilité, du pouvoir et du combat sur la dimension sensible. La science et les nouvelles technologies servent un mythe d’éternelle jeunesse et le déni de la réalité. La loi du marché au niveau mondial favorise les comportements de prédation. Le manque de reconnaissance des efforts fournis et le manque de respect de la personne favorise les comportements de harcèlement moral (atteinte répétée à la dignité et à l'intégrité psychique). La marchandisation des êtres, objets à consommer et à jeter, les réduit à l'état d'objet à consommer, puis à jeter. La toute-puissance prend le pas sur la reconnaissance du manque et encourage des comportements "tout, tout de suite", l'incapacité à différer, à apprendre.
Et oui tout pour que le pervers narcissique se sente comme un poisson dans l’eau.
Il est difficile de dire si la société actuelle exacerbe la perversion narcissique mais certaines caractéristiques correspondent très bien.

Après ce descriptif, je pense que vous avez plus d’éléments pour évaluer si vous ou quelqu’un de proche êtes victime d’un pervers narcissique.
Mais maintenant que faire pour se protéger du PN et commencer à s’en détacher ?
Vous le découvrirez dans les articles suivants.

Par contre il est important de savoir qu’il est quasiment impossible de s’en sortir seul(e). L’aide d’un psychologue ou d’un professionnel en psychothérapie est nécessaire pour accepter ce qui vous arrive et surtout pour vous guérir des séquelles de l’emprise.
Pour avoir accompagné en foyer de femmes battues ainsi qu’en cabinet certaines femmes victimes de PN, la lutte avec elles est une lutte acharnée qui peut malheureusement durer un certain nombre de mois.
Et dernière précision, si on a été enfant de mère perverse narcissique ou de père pervers narcissique, la réparation prend également beaucoup de temps.

Auteur : Karine BIAVA (2022)
Psychothérapie et Art-thérapie à Peymeinade 06 530

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